Citations sur Noirs en blanc (19)
Tu as beaucoup couru, Zola. Il est temps de te poser. On cherche tous un sens à notre vie, mais toi, à force de te tourner dans tous les sens, t'en as perdu la direction. Tu vis dans le vertige. Arrête un instant, regarde devant toi. Les solutions sont parfois aussi simples que la mangue qui pousse dans le manguier. Les fruits sont là pour être cueillis, si tu attends, ils pourrissent. Ne deviens pas cette mangue pourrie, au risque de tomber un jour de l'arbre.
«Pour les étudiants, la Pravda présente deux atouts majeurs : le journal est gratuit, et il est imprimé sur du papier de qualité, très utile pour toutes les tâches ménagères et hygiéniques»(p 137), «Le monde est cruel pour ceux qui veulent le changer «(p 236)
«Souvent, on se croit enfermé dans un cul-de-sac, mais, si on cherche bien, on trouve toujours une issue.» (p 36
Je reste un long moment immobile devant cette tombe, sans savoir ce que je ressens vraiment. Une sorte de sentiment d'amour respectueux, peut-être plus respectueux qu'amoureux. Depuis dix ans qu'il est mort, j'ai tant attendu ce rendez-vous. Et cet instant est enfin arrivé. Je me contente de murmurer: "Père, je suis revenu. Je suis médecin comme tu le souhaitais, j'arrive un peu tard pour te soigner." Puis je laisse le silence prendre la place des prières. Les remords, les regrets, les rancoeurs, les incompréhensions n'ont plus cours. Me vient à l'esprit une drôle d'analogie : mon père a toujours vécu en serviteur dévoué des Blancs, et moi, aujourd'hui, je fais de même. Pour le satisfaire, j'ai parcouru des continents, traversé des océans, supporté tant de sacrifices! Pour finalement reproduire. Qui de nous deux a été le plus heureux? Celui qui, travailleur appliqué, a vécu dans l'ignorance? Ou moi qui contemple cette tombe du haut de mes insatisfactions?
"J'aime ce pays. Il suffit d'un feu, de quelques légumes et d'un musicien qui tape sur un tronc d'arbre avec un bambou pour faire la fête et tout le monde se met à danser. Ici, les gens aiment rire. Ils sont dans la merde mais ne peuvent s'empêcher de rigoler. Le rire, c'est comme un drogue." (Editions Dialogues - p.342)
Certains disent aussi qu'un médecin est toujours un médecin quelle que soit sa couleur de peau. Mais moi, j'en ai marre de voir des médecins blancs des ONG venir soigner les enfants des pauvres nègres, pendant que vous, les médecins africains, vous allez soigner les vieux Blancs chez eux. C'est absurde !
C'est curieux comme mon frère et la plupart des gens ici invoquent Dieu à tout bout de champ. Pourtant, Dieu semble avoir depuis longtemps déserté la terre africaine. Les pays développés le prient de moins en moins et vivent toujours plus riches. Nous, nous le supplions de plus en plus sans jamais être exaucés. L'espace d'un éclair, je me demande : et si Dieu était vraiment blanc, comme sur leurs images ?
Actuellement, sur le plan professionnel, tout semble me sourire, et pourtant jamais je ne me suis senti si désorienté. Je ne sais plus où j'en suis... Parfois je me demande si le tunnel de l'exil a une issue. Je sais, j'aurais peut-être dû t'écouter et rentrer plus tôt au pays. Mais pour quoi faire ? Il n'y a rien là-bas, ni poste, ni moyens techniques, ni de quoi vivre. L'argent, tu le sais, ce n'est pas ma priorité, mais je ne veux pas non plus en faire un souci quotidien... Et si j'avais suivi Albert, j'aurais probablement rencontré les mêmes difficultés. [...] Je voudrais vivre, simplement vivre... Est-ce trop demander ?
Pourquoi tant de paix et de richesses, ici ? Tant de misère et de violence, là-bas ? A quelques heures d'avion !
En voyant parmi ces hommes et ces femmes des visages africains, j'ai l'étrange impression d'être devenu un Noir plus tout à fait noir, une sorte d'animal hybride, solitaire, un étranger à mes propres racines.