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Critique de colimasson


[D'une question préliminaire à tout traitement possible de la psychose (1957)]


Imbuvable, on a vu mieux chez Lacan. Quelques tranches de cake de rire quand même, au détour des délires. Voici l'incontournable :


« […] en somme les psychanalystes s'affirment en état de guérir la psychose dans tous les cas où il ne s'agit pas d'une psychose.
C'est sur ce point que Midas, un jour légiférant sur les indications de la psychanalyse, s'exprima en ces termes : « Il est clair que la psychanalyse n'est possible qu'avec un sujet pour qui il y a un autre ! ». Et Midas traversa le pont aller et retour en le prenant pour un terrain vague. Comment en aurait-il été autrement, puisqu'il ne savait pas que là était le fleuve ?
Le terme d'autre, inouï jusque-là du peuple psychanalyste, n'avait pas pour lui d'autre sens que le murmure de roseaux. »


« Il est assez frappant qu'une dimension qui se fait sentir comme celle d'Autre-chose dans tant d'expériences que les hommes vivent, non point du tout sans y penser, bien plutôt en y pensant, mais sans penser qu'ils pensent, et comme Télémaque pensant à la dépense, n'ait jamais été pensée jusqu'à être congrûment dite par ceux que l'idée de pensée assure de penser. »


« Ça pense plutôt mal, mais ça pense ferme : car c'est en ces termes qu'il nous annonce l'inconscient : des pensées qui, si leurs lois ne sont pas tout à fait les mêmes que celles de nos pensées de tous les jours nobles ou vulgaires, sont parfaitement articulées. »


« de Malebranche ou de Locke,
Plus malin le plus loufoque…
Oui, mais lequel est-ce ? Voilà le hic, mon cher collègue. Allons, quittez cet air empesé. Quand donc vous sentirez-vous à l'aise, là où vous êtes chez vous ? »


On lira également dans ce texte les raisons de l'opposition entre l'école freudienne et jungienne (terme d'un voyage exotique que ne devraient pas se refuser les hédonistes) :


« Il est capital de constater dans l'expérience de l'Autre inconscient où Freud nous guide, que la question ne trouve pas ses linéaments en de protomorphes foisonnements de l'image, en des intumescences végétatives, en des franges animiques s'irradiant des palpitations de la vie.
C'est là toute la différence de son orientation d'avec l'école de Jung qui s'attache à de telles formes : Wandlungen der libido. […]


Mais cessons-là les blagues. Pour le contenu en lui-même, on trouvera des bouquins ou des analyses sur le WWW qui résument très bien. En voici une autre tranche de prédigéré :
- L'analyste doit reconnaître les droits du sujet psychotique. Ça implique, cesser de croire qu'il n'est pas responsable (merde) mais aussi l'écouter sérieusement.
- Quelle que soit la structure de la maladie mentale (psychose ou névrose), ne quittons jamais le phare du complexe d'Oedipe, pierre de Rosette défilant tous les tricots serrés des complexes.
- le diagnostic de la psychose ne se résume pas à se demander si le sujet a rapport au réel. On diagnostique plus sûrement la psychose en observant son rapport avec le langage. le psychotique adore les mots, certains se passionnent même pour l'étymologie, jusqu'à ce que ça vire au rébus automatique.
- le délire chez le psychotique trouve son origine dans la forclusion du Nom-du-Père. Comme il n'a pas accès au registre symbolique, le psychotique se réfugie dans l'imaginaire et de là en sort une prolifération poisse que nous autres, pas convaincus, appelons « délire ». Aucune nécessité d'interpréter ce délire étant donné que ce qui se dit là est identique à ce qu'on pourrait analyser.
- La psychose ne se travaille pas dans le transfert. L'analyste doit seulement permettre au psychotique de trouver une solution qui le stabilisera dans sa vie quotidienne. Si la solution se trouve dans la cure psychanalytique elle-même, la cure risque d'être sans fin. Mais enfin, ça fera la poule aux oeufs d'or du toubi.


Nous vivons certainement avec beaucoup de psychotiques autour de nous, talentueux en vertu et malgré leur aspect monomaniaque. Ne jugeons pas de la valeur de la solution qu'ils ont réussi à trouver pour traverser l'existence. Lacan fait partie de ceux-ci également.
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