Chaque jour qui passe, je m’étonne d’être encore vivant.
J’ai des velléités de suicide mais je n’ose faire le grand
saut. Je crois que je suis lâche. D’ailleurs, à un b près
mon nom s’écrit ainsi. Lacheb-lâche, lâche-Lacheb,
c’est simple, non ? C’est une ironie, sans doute. Une
ironie du sort, bien sûr. Je me déteste. C’est incroyable
comme je me déteste. Je me chie dedans comme on
dit en argot notoire. Je suis une vermine. La dernière
des vermines. Une putain aussi. Je prostitue mon
âme. Et aujourd’hui, j’ai appris à écrire pour le dire.
C’est dire si je suis pourri. Enfin… Chacal ! Il n’y a
que ça à exprimer : chacal ! Se taire et puis crever. Va,
dévôt, tu prieras peut-être pour moi. Dans ta chapelle
ou dans ta chambre, je te verrai à genoux, tu diras des
mots entre tes dents. Toi, je te respecterai toujours,
tu es trop bête pour être vraiment méchant. C’est ça
la vie. Ainsi va le monde. Il y a deux sortes de gens :
les bons puis les méchants.