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Citations sur La fille de personne (52)

Je suis ton ombre. Celle à qui tu écris. Celle qui révèle ta part de feu, ta nuit, son ravage.
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Moi, je trouve que le spleen de mon ami iranien rend son français éblouissant. Jamais je n'ai entendu la langue de Molière chantée avec tant de justesse. Mon poète choisit les mots avec parcimonie et la précision du lexique s'intègre à une syntaxe aux contours inédits qui laissent deviner leur proximité d'une frontière avec la Perse ( il lui arrive d'oublier les articles définis qui n'existent pas dans sa langue et il se moque des genres, absents du farsi). Le français de Sadegh rapproche les mondes.
Telle est la magie de sa prose: son français-persan réconcilie. (p. 99)
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Ce sont les lecteurs qui arrachent les oeuvres à la damnation, aux flammes de l'oubli, à la poussière des heures qui transforment encre et papier en sable. (...)
La conscience du lecteur est une digue entre un sens qui se perd et l'histoire qui danse devant ses yeux pour être recomposée par sa lecture. Privé de son lecteur, l'auteur n'est rien. Il n'est que le signataire d'un néant, d'une lettre muette, sourde et aveugle.
C'est tout le sang du lecteur qui irrigue la carcasse sèche des livres. (p. 150)
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Il en allait de même pour l'oeuvre à faire. A eux [Les hommes ], la chose était permise. Mais pour une femme, l'histoire était toute autre. Me concernant, le simple fait d'être inscrite en thèse faisait jaser. Le simple fait qu'une petite bonne femme sans le sou, enfant d'une fille-mère compagne improbable d'un ébéniste immigré alcoolique, ait la prétention des mots et du pouvoir qu'ils pouvaient conférer à ceux qui en avaient la pleine maîtrise apparaissait aux yeux de de mes contemporains comme un scandale. Et je n'en pouvais plus de ce scandale. (p. 160)
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Il faut s’en remettre à trois petits mots le plus souvent, ce qui est infiniment préférable à quarante phrases pour ne rien dire.

(Actes Sud, p.122)
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[Hédayat ]
Il me dit que Brod a trahi Kafka, en ne brûlant pas ses textes. Je proteste et lui rétorque que grâce à ce geste de rébellion, nous avons le bonheur de lire aujourd'hui une oeuvre indépassable et que dans ce cas précis la sédition a du bon. (p. 141)
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[avril 1951]

La librairie que je tiens rue des Ecoles est l'une des manifestations flagrantes de ma capacité à brusquer le destin. (...)
Force est de constater cependant qu'absence, colère et frustration permettent de construire des temples. Le mien mesure vingt-cinq mètres carrés, le jour y entre à peine, il sent le papier et le cuir, n'y communient que des étudiants et des bibliophiles habités par la manie d'un auteur mort (....)
Entourée de tous ces livres, il m'arrive de dire que je suis une femme puissante. (p. 40)
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L'obsession des questions concernant l'écriture était venue quelques semaines après ma rencontre avec Franz. Avant, il y avait bien les livres, les hémicycles fréquentés pour la thèse, cependant mon rapport à l'écrit restait celui d'une collectionneuse. Les bibliothèques étaient davantage des décors en trompe-l'oeil que des lieux où la pensée véritable s'exerçait. J'y étais simple spectatrice. Je glanais des informations sur les salles de lecture qui avaient brûlé, interrogeant la nature de l'incendie. (...)
Les salles de lecture dévastées par les flammes, qui en plus avaient été le repaire d'auteurs ayant détruit ou souhaité détruire leurs travaux, gardaient ma préférence. (p. 127)
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L’écriture est une descente, Luce. On descend chercher les mots dans le monde des ombres. Comme Orphée. On voit les morts. L’effroi. Toute sa beauté. On descend. Dans les cercles, il n’y a pas de feu, mais du froid, de la nuit et du vent. On saisit ce monde. On se l’approprie. Le travail est long et difficile. On fore. On creuse en soi. Dans sa nuit. Et on découvre des monstres. Ils sont tapis dans les antres et les trous boueux de l’origine. On dompte les monstres. On survit à la nuit et on en revient. Car une fois qu’on a en main les pierres noires arrachées au sol d’en bas, on doit remonter lentement vers la lumière avec elles. Le travail de l’écrivain devient alors une ascension lente vers le jour. Vers la clarté. Il s’agit du sens à trouver.

(Actes Sud, p.58)
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Privé de son lecteur, l'auteur n'est rien. Il n'est que le signataire d'un néant, une lettre muette, sourde et aveugle. C'est tout le sang du lecteur qui irrigue la carcasse sèche des livres.
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