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Critique de Lucilou


Et encore une fois, je suis envoutée par la langue et les mots choisis avec un soin d'orfèvre par Marie-Hélène Lafon. Une fois de plus, sa petite musique -si jolie, si limpide, si mélancolique aussi- m'a cueillie, émue, bercée comme le font si bien les morceaux les plus poignants de Yann Tiersen qui me rappellent le temps qui passe, les souvenirs (et peut-être un peu également l'épicerie de Monsieur Colignon, mais c'est une autre histoire).
Je pourrais me répéter et convoquer encore et encore la pureté et la transparence de la langue écrite et ainsi agencée, la cadence quasi-parfaite des mots qu'on fait rouler dans la bouche comme des galets dorés par le soleil au creux d'une paume un après-midi d'été, ce don immense et généreux pour capturer la vie diffractée en une infinité d'instants, d'éclats vrais, authentiques, cet art -enfin- de dire la vraie vie, les « vrais gens » avec son lot de joies -petites ou grandes- et de tristesses -toujours trop grandes-, de regrets, de rêves, de désirs inassouvis et de satisfactions tantôt mesquines, tantôt lumineuses.
Je pourrais dire aussi combien les romans de Marie-Hélène Lafon ont quelque chose du cinéma de Claude Sautet et combien ces personnages finissent toujours par se frayer un chemin jusqu'à mon coeur d'artichaut et le briser, parce que la vie n'est pas toujours grandiose, qu'elle est même souvent déchirante mais que cela ne la rend pas moins belle.
Je pourrais ; mais ce que je voudrais écrire surtout, c'est la voix de Jeanne, narratrice de « Nos Vies » qui au fil de ce récit faussement décousu, tout en instants capturés se dévoile, qui nous parle des vies qu'elle imagine, des scénarios, les vies qu'elle bâtit pour Gordana et l'homme encore jeune. Qui nous délivre, par bribes et l'air de rien ce que fut la sienne : de son enfance rurale dans une petite épicerie de village à son grand amour perdu, d'Isabelle aux réunions de famille, de sa vieille voisine aux photos jaunies jalousement conservées.
Jeanne que la vie n'a pas ménagée mais qui a conservée en elle tant de lumière pourtant et cet art de raconter, de dire le beau, de dire le vrai. La vie, quoi. Et avec Marie-Hélène Lafon, les "petites vies" deviennent si grandes que c'est beau à pleurer, qu'on a la gorge serrée de tant de sensibilité.
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