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Critique de Wyoming


Une nuit au musée avec Lola Lafon, un musée qui fut le dernier lieu de vie de la famille Frank à Amsterdam et où Anne écrivit son journal. le titre de ce témoignage émouvant peut paraître étrange, le mystère qu'il porte sera dévoilé à la fin du livre puisque Lola Lafon évoquera un autre génocide tragique, survenu près de quarante années après la Shoah.

Lola Lafon avance à petits pas dans l'Annexe où les Frank furent cachés, puis malheureusement arrêtés, déportés, le père Otto étant le seul survivant. Elle transmet à ses lecteurs son émotion dans ces lieux silencieux, elle s'interroge sur les sentiments éprouvés par Anne, sur son attente de l'inéluctable, malgré l'espoir qui l'animait, elle partage sa jeune vie brisée, elle-même atteinte par la Shoah dans sa famille maternelle.

Sa nuit au musée n'est pas celle de la désespérance, ni de la pitié facile, mais plutôt celle d'une entrée sur la pointe des pieds dans un univers où une étoile portait le signe d'une ignoble ségrégation débouchant sur les wagons plombés en direction des camps de la mort.

Lola Lafon partage les informations qu'elle a recueillies sur le journal, sa transformation quelque peu dénaturée en pièce de théâtre, puis la réalisation d'un film gommant trop de vécus d'Anne pour refléter une réalité indicible.

Anne était pourtant parvenue à exprimer cette réalité en travaillant d'arrache-pied sur un journal qu'elle a réécrit plusieurs fois pour obtenir un résultat dont elle espérait une publication que la pauvre ne verra pas.

Il y avait aussi certainement le journal de sa soeur aînée, Margot, disparu avec elle et Lola Lafon ne peut qu'établir la relation avec tous les souvenirs détruits et perdus de sa propre famille.

Pour ma part, je garde le souvenir immuable d'une présence bien plus brève dans la maison d'Anne Frank, j'entends le silence de la foule autour de moi, je vois les feuilles du marronnier mais c'est trop peu de temps pour entrer comme Lola dans le mystère pathétique des journées d'Anne dans l'Annexe.

Elle évoque aussi Simon Wiesenthal, "chasseur de nazis", à la recherche de l'officier qui arrêta la famille Frank, nommé Silberbauer pour lequel la justice autrichienne jugea qu'il n'avait fait son travail en arrêtant les Frank et en les envoyant vers les camps. La France, elle-même, en laquelle de nombreux juifs avaient espéré une sécurité, participa on le sait à la déportation, la plus grande honte de la mémoire de notre pays.

Cette nuit au musée a certainement été une épreuve pour Lola Lafon, elle lui a remémoré le souvenir d'un jeune homme connu bien plus tard, victime d'un autre génocide sur lequel elle conclut son propos en évoquant cette chanson qu'elle ne peut parvenir à écouter.
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