AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Afleurdelivres


« C'est elle. Une silhouette, à la fenêtre, surgie de l'ombre, une gamine. Elle se penche, la main posée sur la rambarde, attirée sans doute par un bruissement de rires […] Elle est vivante, elle trépigne, celle qu'on ne connaît que figée, sur des photos en noir et blanc. Elle a 12 ans. Il lui en reste quatre à vivre. […] Ce sont les uniques images animées d'Anne-Frank […] Sept secondes de vie, à peine une éclipse »
C'est sur une image fugitive de la jeune adolescente que débute cette magnifique introspection de Lola-Lafon une nuit d'août 2021 dans l'Annexe secrète où les membres de la famille Frank vécurent entassés deux ans durant, avant leur déportation au camp de Bergen-Belsen. A la lumière de ma liseuse, ses mots poignants empreints de pudeur et de sensibilité m'ont emportée d'emblée. Sa nuit dans l'annexe où Anne-Frank écrivit son célèbre journal, elle la doit aux éditions Stock et à leur sublime collection « ma nuit au musée ».
Le choix de ce lieu culte, lui, elle le doit à sa grand mère juive, qui lui a offert à ses dix ans une médaille dorée frappée du portrait d'Anne Franck en prononçant ces mots qui résonnent encore « N'oublie pas ».
Elle ne sait pas ce qui ressortira de cette immersion car « L'écriture est un chemin sans destination, L'écriture à la beauté inquiétante de ce qui ne mène nulle part ». Elle se défend pourtant d'écrire un roman sombre alors même que Anne « a été drôle, futile, adolescente en dépit du reste. Ce reste qu'elle n'a pas pu nous écrire ».
Son journal s'arrête brusquement un matin d'août 1944 lorsque des agents de la Gestapo envahissent l'annexe et mettent tout à sac, ses cahiers sont éparpillés sur le sol car ces sentinelles de la mort, ces pilleurs, n'y voient rien d'interessant. Ils seront rendus à Otto Frank, le père, seul survivant, des mois plus tard. Par un jeu de miroir l'autrice raconte l'héritage traumatique des descendants des déportés, la lourdeur de survivre à la place des disparus, son attachement pour les déracinés.
Figée devant la porte de la chambre d'Anne, incapable d'y pénétrer car trop de voix y font écho, c'est finalement le souvenir traumatisant d'un fantôme de son enfance qui l'aidera à pousser la porte…
L'aube commence à poindre. Il est temps de partir. Elle dépose le talkie-walkie qui la relie au gardien du musée, tourne le dos à la maison aux portraits en noirs et blanc et s'échappe dans le petit matin abandonnant l'annexe où résonne encore la voix des enfants disparus dans et de par L Histoire laissant le lecteur profondément ému.

Merci infiniment à #netgalley #NetGalleyFrance @netgalleyfrance pour cette lecture #quandtuecouterascettechanson
Commenter  J’apprécie          1297



Ont apprécié cette critique (118)voir plus




{* *}