Par où commencer ?
Il s'agit d'un récit, dans lequel
Lola Lafon raconte la nuit qu'elle a passée, en Août 2021, dans le musée
Anne Frank d'Amsterdam. Seule avec le vide, pas sûre de son choix, pas sûre d'être au bon endroit.
Elle partage ses doutes avec nous. Son analyse du "Journal". Ses informations sur Otto Frank, et sur la façon dont le "Journal" a été publié, déformé, détourné, nié. L'histoire de sa propre famille. Sa propre histoire et celle de cette chanson qu'elle ne veut/peut plus écouter. C'est un récit bizarre, qui part dans tous les sens mais demeure maîtrisé du début à la fin. Un récit court (même pas 200 pages) mais très dense, truffé de réflexions profondes sur le poids du passé, les modèles inatteignables, les impitoyables bégaiements de l'Histoire -et sur l'écriture aussi : "Certains vont à la rencontre de leur vie, s'en saisissent, d'autres se tiennent légèrement de biais : ils l'écrivent." Tout au long de ma lecture, j'ai eu l'impression d'écouter une amie me livrer ses souvenirs et pensées ; le ton est à l'intimité dans la pénombre de "l'Annexe".
Etrangement, je me suis sentie "en communion" avec ce livre. Impossible de l'exprimer autrement, mais je me suis sentie bien, dans la tête de
Lola Lafon. J'ai aimé ses colères et ses indignations contenues. J'ai aimé sa sensibilité, son humilité, sa sincérité. En fait, il s'agit davantage d'un livre sur
Lola Lafon que sur
Anne Frank, mais ça ne m'a pas dérangée.
Et puis, j'ai aimé retrouver le style délicat et touchant de l'auteur, sa façon d'utiliser le mot le plus juste au bon endroit, celui qui éclabousse le coeur et crée un lien direct entre l'écrivain et son lecteur.
Alors, oui, c'est un récit à lire sans hésiter si l'envie se manifeste, tant il est beau, pur, à la fois fragile et puissant, terriblement émouvant dans son honnêteté.
Et oui aussi, il s'agit encore d'une autofiction, mais celle-ci est généreuse et universelle -trop rare pour ne pas la saisir !