AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Fabinou7


Quelle parodie ! le dramaturge français Jean-Luc Lagarce livre en 1994 cet étrange seul en scène, inspiré d'un très sérieux guide de savoir-vire de la Baronne…Staffe (eh non..c'était pas Nadine). On se souvient de d'autres détournements célèbres, comme le licencieux “Manuel de civilité pour les petites filles à l'usage des maisons d'éducation" de Pierre Louÿs. L'auteur de “Juste la fin du monde”, adapté par Xavier Dolan au cinéma, n'est donc pas le premier à brocarder l'arbitraire étriqué des moeurs bourgeoises.

S'inspirant de passages entiers de ces règles du savoir-vivre dans la société moderne publié en 1884, Lagarce ajoute subtilement au texte, sans jamais le dénaturer, mais en le plombant d'un recul délicieusement ironique, car ironie et rien d'autre.

Lagarce jette ainsi aux chardons jusque dans leurs moindres réflexes des institutions aussi nobles que les dragées du baptême, la couleur des fleurs de la robe de fiançailles ou encore la danse appropriée pour ouvrir le bal d'un anniversaire de mariage. Ce prêt-à-penser, car prêt-à-penser et pas autre chose, celui que l'on enseigne au marié, à la mariée, à ses parents ou n'importe qui etc que ferions nous sans lui ? Retrouverions nous une forme de liberté de rite et de réflexion sur ces temps qui rythment nos liens & nos vies.

Cette rigidité, incapable de masquer les failles criantes de l'absurde, est un terroir fertile pour Lagarce, le philosophe danois Soren Kierkegaard écrivait déjà au XIXe siècle “que le sérieux se loge à telles enseignes l'ironie le découvre et y trouve de quoi faire car toujours devenir sérieux hors de propos est comique.” Mais ce que l'auteur a aussi voulu mettre en perspective avec la société de notre temps c'est “le refus du sentiment”, peut-être par crainte car, ajoute-t-il, “si on laisse parler notre rapport aux autres on laisse parler sa propre nature.”

Lagarce écrit ce monologue “sur un rythme, une respiration, c'est une parole, un travail pour la respiration d'une comédienne”… et pourquoi pas celle de Catherine Hiegel qui redonne dernièrement sur scène toute sa mordante acuité au texte de Lagarce !

Qu'en pensez vous ?
Commenter  J’apprécie          809



Ont apprécié cette critique (80)voir plus




{* *}