Alabama, fin du 19ème siècle.
Helen Keller n'a pas deux ans lorsqu'elle est frappée de cécité et de surdité, suite à une probable méningite. Les parents désemparés face à cet événement tragique font appel à de nombreux spécialistes avant d'abdiquer. Helen se replie petit à petit sur elle-même, dans un monde de silence où selon ses propres règles, elle se construit une nature sauvage et indomptable.
Annie Sullivan a 20 ans lorsqu'elle est appelée à séjourner dans la famille Keller pour servir de préceptrice à Helen (qui en aura 6). Elle-même malvoyante, Annie connaît la langue des signes qu'elle a appris à l'Institut pour aveugles Perkins, ce qui va lui permettre d'essayer d'établir un contact avec Helen.
La rencontre entre les deux, très explosive au départ, finira en une amitié indéfectible. Mais il y a entretemps, le temps de l'apprentissage, de l'apprivoisement, de l'expression de la colère ...
C'était un pari risqué que de vouloir transposer cette période très importante de la vie d'
Helen Keller. Pari remporté. Et avec à la clé un Eisner Award 2013 pour la catégorie "meilleure bande dessinée tirée d'une histoire vraie".
L'émotion vient de l'histoire elle-même, mais la manière dont elle est traitée, y est pour beaucoup également. Joseph a su de très belle manière restituer l'invisible (comment montrer un handicap des sens ou les difficultés de communiquer avec ou sans paroles ?) et exprimer l'indicible (la souffrance des protaganistes, l'incompréhension, la solitude).
L'histoire personnelle vient se confronter également à quelques thèmes qui apparaissent en filigrane dans le récit principal : la condition de la femme, le journalisme à sensations, le conservatisme... Une lecture vivement conseillée.