AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Sachenka


Je referme ce livre en ne sachant toujours pas si je l'ai trouvé original ou si je l'ai abhorré. Ou, pire, si je n'ai rien compris. Sans doute un peu de tout ça, alternativement. Quand un roman s'ouvre sur des exergues de Jean Basile et de Britney Spears, le lecteur comprend qu'il s'engage dans une expérience littéraire hors du commun. C'est exactement ce qu'est Querelle de Roberval, librement inspiré de l'autre, celui de Brest, écrit par Jean Genêt.

Au premier chapitre, le lecteur se fait servir la description des habitudes sexuelles de Querelle. Cette description est très, très crue. « Querelle en question aime les petits garçons », comprendre ici les grands adolescents, les jeunes hommes, qu'ils aiment se faire dominer, bander, se sentir uniques. Je vous épargne les détails. Ce court chapitre, ces quelques pages, elles donnent le ton. Ceci dit, Querelle n'est pas un roman trash non plus. La plume de Kevin Lambert est imaginative, presque poétique par moment. D'où mon trouble à classer ce roman.

Si Querelle est un personnage important, il n'est pas le seul dans ce roman foisonnant. C'est que, à Roberval, dans le nord du Québec, les ouvriers d'une scierie sont en grève. Ils exigent un meilleur salaire, un fond de pension respectable, des conditions de travail plus humaines, etc. L'habituel, quoi ! En face d'eux se trouve un employeur implaccable et machiavélique, Brian Ferland. Et les coups bas volent de tous les côtés.

Querelle de Roberval alterne entre un éditorial sur les conflits de travail et une chronique de la vie en région. Là-bas, la société est conservatrice (et virile) et les moeurs sexuelles du jeune homme détonnent, sont si différentes du modèle mis de l'avant que ça ne peut que créer des frictions. C'est comme s'il y avait deux conflits. Toutefois, au-delà du conflit et de l'histoire, il y a la plume de Kevin Lambert. L'auteur n'a pas peur des mots, encore moins de provoquer, à l'instar de ses personnages. Et tant pis pour ceux que ça choque ! Ceci dit, je me demande s'il décrit vraiment la réalité car le type d'homosexualité raconté semble plus se rapporter à la déviance et je trouve ça dommage. Surtout, je ne vois pas l'utilité, le lien avec le lock-out. Ça me semble un peu voyeuriste.

Et le parti pris de l'auteur contre le syndicalisme (à moins que ce ne soit une apparté ironique et sarcastique à laquelle je n'ai rien compris) me fait frissoner. Dans tout conflit employés-employeur, il y a des fautes des deux côtés. du moins, c'est mon expérience. Ni l'un ni l'autre n'est blanc comme neige. Lancer la pierre au syndicalisme, à une époque où la compétition fait rage mais où les propriétaires continuent à engrenger des profits faramineux, me semble injuste. Ceci dit, je dois admettre que l'industrie du bois ne m'est pas vraiment connue.

Vers la moitié du roman, je commençais à m'ennuyer un peu. On plonge un peu plus dans la vie de quelques uns des employés, Jézabel, Jacques Fauteux, Pierre Larouche, etc. Puis, la mort d'un d'entre eux donne un nouveau souffle à l'intrigue, un souffle extrêmement dramatique. Trop, peut-être. Les ouvriers perdent la tête et la raison avec. La fin, magistrale et horrible à la fois, ramasse tout : le conflit syndical trouve une résolution et les moeurs dépravées de jeunes homosexuels. Certains aimeront, d'autres pas. Je suis très ambivalent. Cette fin, elle est à l'image du roman : troublante, déboussolante, provoquante ? Une sorte de fin du monde où tout le monde s'envoie chier.
Commenter  J’apprécie          410



Ont apprécié cette critique (38)voir plus




{* *}