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Critique de LaetiF


Passons une journée dans la vie d'une quinquagénaire post-covid un peu bourgeoise, fille d'une mère en EPHAD, mère de trois filles, dont deux encore scolarisées, assistante d'édition, mariée à un certain Peter qui a déclenché la troisième guerre mondiale de leur couple la veille...
Le déroulé de la journée d'Anna est ponctué des "Gling" de notifications qui coupent sans arrêt ses pensées, encouragent la dispersion et les digressions : SMS, messages, groupes de messagerie, appels, réseaux sociaux, sites d'info plus ou moins informatifs (people, politique, faits divers...) Toutes ces interruptions qui rythment ou font dissoner la vie de certain.e.s accrocs au téléphone portable. Car évidemment, c'est aussi par ce foutu mobile que le malheur arrive, ou plutôt, se révèle à Anna.

J'étais curieuse de lire un roman d'une des rares chroniqueuses littéraire que j'écoute souvent et dont il m'est arrivé de suivre les conseils de lecture. J'ai été agréablement surprise par la qualité de ce court roman très prenant. Je me suis rapidement attachée aux personnages émouvants de simplicité et de sincérité. J'ai été particulièrement séduite par cette héroïne des temps actuels, aux prises avec les aléas de la vie de famille ; jeune quinquagénaire débordée par ses réflexions, ses doutes, ses sentiments... J'ai été intriguée par Axel, l'ami auteur suicidé qui continue de hanter Anna malgré cette vie qui avance inexorablement.

L'ouvrage est complètement ancré dans notre actualité. L'autrice aborde des thèmes aussi divers que : les médias, la vie "après confinement-codiv19", les difficultés du quotidien des gens, le féminisme et l'après #metoo, la vieillesse mal vécue (surtout par et pour les femmes), les violences ordinaires, Paris, le temps qui passe sur les corps, les visages et les coeurs. Autre sujet phare du roman : la parentalité (Anna a trois filles d'âges différents, dont une vraiment plus âgée, qui a une annonce pas tellement surprenante à faire le soir même) et le soin à apporter à nos aïeux (sa mère en EPHAD aurait quelques problèmes de comportement dans cet environnement inadapté à son cas). Enfin, Olivia de Lamberterie a choisi de faire évoluer son personnage dans un univers qu'elle connaît bien : celui de l'édition. Cela donne lieu à quelques références littéraires intéressantes, drôles, intelligentes ou surprenantes.

Les thèmes abordés, la narration et les réflexions sur notre société m'ont rappelé certains romans de Delphine de Vigan, en moins cru, plus délicat, plus littéraire, un brin bourgeois. le style est travaillé, agréable, fluide même dans les phrases les plus longues. le rythme est haletant et déroutant car sans chapitre, comme s'il fallait tout sortir d'une traite, sans pause, de peur de manquer de courage face à l'adversité de la société de 2020... Comme si la narratrice ne pouvait plus taire ce qu'elle a sur le coeur, comme une urgence à déborder et digresser de tous côtés, avec beaucoup de recul, de bienveillance et d'intelligence.
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