Et de fait, la pensée que le monde des phénomènes n’est que la copie confuse d’un autre monde renfermant les objets vrais, se retrouve à toutes les époques de l’histoire des idées humaines. Chez les philosophes de l’Inde ancienne comme chez les Grecs apparaît déjà, sous des formes diverses, la même pensée fondamentale qui, modifiée par Kant, est tout d’un coup rapprochée de la théorie de Copernic. Platon croyait au monde des idées, des prototypes éternels et parfaits de tout ce qui arrive sur terre.
En général le conflit entre la philosophie et la physique, tel que Fechner le conçoit, est un véritable anachronisme. Où trouverait-on aujourd’hui la philosophie qui oserait, sous des prétextes quelque peu plausibles, interdire aux physiciens leur atomisme ? Il ne s’agit pas ici de rappeler qu’au fond les atomes « simples » de Fechner ne sont plus des atomes et qu’il faudrait strictement ranger parmi les conceptions dynamiques une cosmogonie qui admet des centres de forces sans aucune étendue.
Il existe dans l’étude exacte de la nature un problème qui empêche les matérialistes actuels de rejeter dédaigneusement le doute qui s’attache à la réalité du monde des phénomènes : c’est celui de la physiologie des organes des sens.