On est dans la vie réelle ! L’amour, c’est bon pour les cruches.
D’abord, tu sélectionnes l’heureux élu, tu te renseignes sur ses origines, son milieu. Tu épluches journaux et magazines pour découvrir ce qu’on raconte à son sujet. Plus grand est le personnage, plus dure est la chute. J’ai pour moi la jeunesse, l’élégance, un visage pas trop déplaisant. Sans être aussi belle que Kathryn, je peux plaire. Une fois ma victime repérée, je me jette à son cou. Ensuite, je m’éloigne ; je peux même disparaître pour cultiver le mystère. Quand il est sur le point de renoncer, je réapparais. Normalement, il est appâté. Alors, de nouveau, je me volatilise. Il me cherche en vain ; ça le rend fou. Finalement, je réapparais et lui demande de m’épouser. Il est trop heureux d’accepter et le tour est joué ! Nous vivons heureux et avons beaucoup d’enfants.
Vous verrez quand vous aurez mon âge : on devient invisible. Je soutire ainsi toutes sortes de choses à d’illustres inconnus. Les gens me confient leurs pensées les plus intimes et leurs secrets ; parfois, ils me demandent même mon avis. Ils s’imaginent sans doute qu’on acquiert de la sagesse en avançant en âge, ce qui est faux !
Chaque fois qu’elle exprimait le désir de faire comme tout le monde, sa mère lui mettait des bâtons dans les roues. Aux yeux de Caroline, elle ne possédait pas de volonté propre : c’était même un miracle, étant donné son manque de jugeote, qu’elle eût réussi à se faire admettre à l’université!
Mary Grace appréciait les garçons tant qu’il ne s’agissait pas de sortir avec eux. Elle détestait la pression qu’ils exerçaient sur elle. Certains lui parlaient ouvertement de sexe, comme si elle savait quelque chose qu’ils ignoraient. Ces questions la confrontaient à sa propre ignorance et à sa maladresse ; elles l’effrayaient, même. Son corps avait beau sembler la pousser dans l’arène, elle ne se sentait définitivement pas prête pour ça. Ni pressée. Parfois, elle souhaitait avoir éternellement quinze ans.
Depuis sept ans, elle rêvait de se faire un nom dans le métier. Elle s’était privée, avait gratté sur tout, dans l’attente du jour où elle prouverait à Richard qu’elle était tout aussi capable que lui de gagner sa vie. Chaque fois qu’elle sautait un repas pour payer ses cours du soir, elle se réconfortait en imaginant la tête que ferait Richard en se rendant compte qu’elle l’avait battu à son propre jeu. Depuis des années, elle cultivait une soif de revanche. Et à présent, elle en récoltait le fruit.
Mes parents m’ont enseigné à révérer un dieu et aucun homme. Je sais à quoi ressemble le paradis. Très jeune, j’ai rencontré mon ange gardien ; je m’adresse à lui quand j’ai peur.
En dépit de sa jeunesse, Barry savait que la vérité n’intéressait pas le moins du monde les médias. Seule l’anecdote leur importait ; et on ne pouvait rêver plus belle anecdote que celle qui se colportait justement au sujet de Michelle Windsong. Il se demanda quelle part de mensonge elle comportait.
Sa peau était sans défaut ; elle résidait en Arizona, et on aurait dit qu’elle n’avait jamais connu le soleil. Elle possédait des lèvres charnues, ni trop pleines ni trop minces, de hautes pommettes bien dessinées et un front lisse et bombé.Cependant, c’étaient surtout ses yeux qui fascinaient. Bleu cristal, l’iris souligné d’indigo accentuant le blanc de l’œil, ils s’agrémentaient de longs cils sombres merveilleusement longs et de sourcils bruns à l’arc parfait. Quand son regard croisa celui de Barry, ce dernier eut la sensation qu’il était transpercé jusqu’au fond de l’âme.
Les journalistes l’appréciaient parce qu’elle était photogénique. Partie de rien, mais néanmoins ambitieuse, elle aimait plaisanter avec eux tout autant qu’ils aimaient en faire le sujet de leurs articles. Jusqu’à sa rencontre avec Richard Bartlow, Alicia était totalement inconnue. Leur liaison les avait tous deux poussés au-devant de la scène.