L'assimilation est aussi une destruction, un triomphe de l'oubli.
L'assimilation est aussi une destruction, un triomphe de l'oubli.
La joie, chez elle [Simone de Beauvoir], n'excluait pas la gravité, elles se conjuguaient au contraire dans une très rare attention à l'humanité de l'autre.
En vérité, je crois que ma soeur se sentait bien avec les hommes laids, ils la rassuraient, l'amour étant à ses yeux autre chose que le double mirage de belles apparences, d'abord amour de l'âme, car elle vivait contradictoirement sa beauté, évidente sous le regard des autres, problématique pour elle : elle ne s'en éprouvait pas propriétaire, elle ne se tint jamais pour une "belle souche" et c'était la source constante d'une incertitude, d'une interrogation inquiète à laquelle il n'y aurait jamais de réponse avérée.
La lassitude de ces valeureux s'indique d'une seule façon : ils fument comme des sapeurs, enchaînant l'une après l'autre, sans un repos, des cigarettes au goût infâme. Un demi-siècle de mobilisation, un demi-siècle sur pied de guerre sans tirer un coup de feu, cela ne peut être et se poursuivre sans un très puissant dérivatif : le tabac.
Je n'aurais jamais pu consacrer douze années de ma vie à accomplir une oeuvre comme "Shoah" si j'avais été moi-même déporté. Ce sont là des mystères, ce n'en sont peut-être pas. Il n'y a pas de création véritable sans opacité, le créateur n'a pas à être transparent à soi-même.
Elle comme lui – et c’est aussi depuis très longtemps ma conviction – pensaient qu’on ne discute bien qu’avec ceux avec lesquels on est d’accord sur le fond. C’est pourquoi ils détestaient les mondanités et les grandes tablées françaises, privilégiant la relation duelle. Être deux, se parler deux à deux était selon eux – selon moi aussi, ils m’ont appris cela – la seule façon de se comprendre, de s’entendre, d’avancer, de réfléchir. La formule de cette relation était : « Chacun sa réception »
Lanzmann citant le philosophe Vladémir Jankélévitch : Celui qui a été ne peut plus désormais ne pas avoir été. Désormais, le fait mystérieux et profondément obscur d'avoir vécu est son viatique pour l'éternité.
Pierre Lazareff me convoqua un jour dans son grand bureau de la rue Réaumur et me demanda si j'acceptais d'assister le fameux commandant Cousteau dans la rédactiond'un texte sur une expérience de maisons sous-marines qu'il allait tenter au large de Marseille.
Des décennies plus tard, ... j'arrivai dans la belle petite ville moyenâgeuse de Günzburg, presque caricaturale tant elle ressemblait à sa propre idéalité, fief des usines Mengele et lieu de naissance du fils de la famille, le Dr Josée Mengele, l'"ange de la mort" d'Auschwitz. Des dizaines de kilomètres avant et autour de Günzburg, dans les champs et les prairies, les tracteurs, les moisonneuses, les machines agricoles portaient fièrement, en lettres blanches, sur leurs toits et parois le nom de MENGELE, répété ad nauseam.
P 275 Folio