Lorsque "
Les embruns du fleuve Rouge " accostent en terres bretonnes...
Ce roman d'
Elisabeth Larbre est publié en cette rentrée littéraire 2018 aux Editions Carnets Nord.
C'est par une soirée d'orage que Yannie, une jeune vietnamienne d'une vingtaine d'année, trouble la tranquillité de Léon le Glaouneg, ce vieux loup de mer breton solitaire.
p. 12 : " - On se connaît ? lança l'homme sidéré.
-Non, pas vraiment...
-Comment ça pas vraiment ? Ça veut dire quoi pas vraiment ? On se connaît ou on n'se connaît pas ? Y'a pas de pas vraiment qui tienne ! Expliquez-vous à la fin ! rugit Léon. "
Il ne peut expliquer la raison qui va le pousser à accueillir cette jeune femme, qui semble au plus mal. Suite à un malaise, il va alors faire intervenir un vieil ami médecin. Persuadé que Yannie est en France en toute clandestinité, il lui fait promettre son silence pour ne pas lui attirer des ennuis. Mais les nouvelles ne sont pas bonnes. La jeune fille est gravement malade. Qu'a-t-elle bien pu subir et endurer ? Quelles sont les raisons de sa présence ici, en Bretagne ?
p. 53 : " Cette gamine était en âge d'être sa fille. Lui, qui n'avait jamais eu ni femme ni enfant et croyait s'en être préservé, se trouvait à son insu le protecteur de cette jeune femme à la beauté sauvage et à la fragilité désarmante. "
Sur les rives du fleuve Rouge à Haiphong, au Vietnam, Ha-Sinh, le père de Yannie, est retrouvé mort au fond de sa boutique. Il a mis fin à ses jours. Il était le fruit de l'union d'Yvon le Glaouneg, un marin breton de la légion étrangère venu au Vietnam en 1946, et de Rong-Sheng. Lorsqu'Yvon est reparti en mer, incapable de retenir cette pulsion qui fait les vrais marins, une incapacité à vivre sur la terre ferme un temps trop long, Ha-Sinh n'est encore qu'un enfant. Alors quelle part de responsabilité avait Ha-Sinh dans la fuite de Yannie, sa propre fille ? Et pourquoi sa grand-mère agit-elle de manière si étrange depuis ? Ru-Su, la mère de Yannie, assiste, impuissante, à ces tragédies depuis des décennies, comme une malédiction qui n'attend qu'à être brisée...
p. 28 : " Mais tous ces absents, chers à leurs coeurs, continuaient à emplir la maison : Yvon, Yannie, Ha-Sinh, trois noms dont l'écho ne cessait de frapper les murs de leur humble demeure et d'agiter leurs consciences... "
Yannie finit par se confier à Léon. Ce lourd secret de famille, qui les unit désormais, est à jamais indéfectible. Qui aurait cru que cette jeune fille puisse tant bouleverser la vie d'ermite de celui-ci ?
p. 56 : " Yannie avait distillé en lui plus qu'un poison, une dépendance affective et compassionnelle dont il ne parvenait plus à se défaire, et pire, dont il ne souhaitait même plus s'écarter. "
Yannie est ce lien de filiation qui unit la famille le Glaouneg aux rives du fleuve Rouge...
p. 42 : " Ils étaient pourtant du même sang et parlaient la même langue, mais était-ce suffisant pour se comprendre ? "
C'est un roman à la fois bouleversant et gorgé d'espoir. Je me suis laissée embarquer par les descriptions de cette Bretagne sauvage, si chère à mon coeur, et par l'exotisme vietnamien. Deux cultures diamétralement différentes, mais qui s'unissent au profit de l'amour et de l'amitié. Léon, tout comme son père auparavant, éprouvera au fil des événements et des révélations une attraction sans borne pour ce pays inconnu...
p. 160 : " Léon aurait voulu être des leurs... Il aimait ce pays. Il aimait ces gens. Il y avait tellement longtemps qu'il ne s'était pas senti ainsi à sa place en compagnie des hommes."
Une jolie plume à découvrir !
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