Comme tout cela me paraît compliqué ! L’amour est décidément un art complexe, je suis sans doute mieux seule.
Je suis devenue spectatrice de ma vie. Je vis dans une bulle. Elle est invisible, mais m’empêche d’entendre mes amis, de les sentir, de vivre au milieu d’eux.
Mon père est un adulte, un vrai. Il aime porter des costumes, parler politique et économie. Ma mère, par contre, dort avec un éléphant en peluche tout abîmé. Quand je lui en ai parlé, elle a prétendu ne plus se rappeler s’il avait appartenu à Marine ou à moi. Ce n’est pas important, il suffit de la surprendre endormie pour comprendre que cet éléphant tout usé lui appartient désormais !
Nez aquilin ? Visage rubicond ? Les adjectifs sont jolis, ils m’ont tout de suite plu quand notre professeure de français nous a distribué cette liste de vocabulaire sur la description physique. Seul hic : je n’ai pas fini l’exercice, je n’ai pas ouvert le dictionnaire et je ne sais même pas ce qu’ils signifient… Pourtant, le français, c’est normalement mon domaine. J’adore écrire, chercher le mot juste, la formule exacte et jolie à la fois.
Je ne me sens pas prête pour le grand saut. Pour faire l’amour, il faut être bien dans sa peau ; je ne le suis pas. Il faut se sentir en confiance avec l’autre, ne rien se cacher.
Qui oublie l’histoire est condamné à la revivre, c’est vrai pour la grande, avec un grand H, mais pour les petites aussi.
Dire, c’est une chose, écrire en est une autre.
Eh oui, il y a des moments dans la vie où l’on peut être vulgaire devant ses parents sans qu’ils vous reprennent. Mais je ne vous souhaite pas de les connaître.
Si. Si. Avec des « si », on met nos vies en bouteille. Et on les jette à la mer.
C’est mon oncle Albert qui sort de l’essaim. Albert le bruyant. Albert qui nous fait tant rire. Albert qui sait parler.Il nous explique tout, très sereinement. C’est un expert en âme humaine, notre oncle, mais il reste très factuel. Il décortiquera les émotions après, peut-être. Il raconte ce qui s’est passé : notre mère qui entre dans la chambre, découvre son bébé par terre qui respire encore, appelle le 911, part aux urgences et assiste impuissante à l’envolée de son ange. Non, Albert ne parle pas d’ange, c’est moi qui interprète.