AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de gill


gill
17 novembre 2021
Ce petit opuscule d'un peu plus d'une centaine de pages, paru en 1933, inaugura une jolie et éphémère collection aux éditions du Masque qui le temps de quelques aventures et légendes de mer s'est alors permis de petites infidélités au roman policier.
Que de l'inédit, écrit pour l'occasion ... et pour cinq francs !
"L'Invincible Armada" est signé par Maurice Larrouy.
C'est un des chapitres extraits de la grande oeuvre préparée par Larrouy durant de nombreuses années, "l'épopée de la mer", mais qui malheureusement n'est jamais parvenue jusqu'à sa publication.
Il s'agit là d'une grande bataille navale, une de celles qui pesèrent sur le destin de l'Europe.
Le grand roi catholique Philippe II d'Espagne, en 1588, affréta une flotte imposante de dix escadres, de 160 navires de tous tonnages, de toutes dénominations et de toutes origines dans le but d'envahir la très protestante Angleterre.
L'élément justificateur de grand projet d'invasion fût l'assassinat de Marie Stuart par la reine Elizabeth ...
Maurice Larrouy réalise là une fine analyse politique, territoriale et navale, des forces en présence.
Il s'affirme ici comme un véritable historien.
Dans une première partie, il dégage de façon claire le contexte de la bataille, en explique les origines.
Dans une seconde, il fait le récit de la conception de cette imposante flotte.
Et dans une troisième et dernière, il raconte la catastrophe espagnole et le soulagement anglais ...
Inspiré ici par la minute du travail du lieutenant de vaisseau Brunet, "Drake et l'armada", Larrouy dit avoir consulté les mêmes archives que lui et rend hommage au soin et au scrupule du travail effectué par son coreligionnaire.
C'est qu'il existait alors peu de documents sur l'Invincible Armada.
Beaucoup avaient été perdus ou détruits.
De plus, au XVIème siècle, nous-dit Larrouy, le courage et l'aventure maritime n'allaient pas de pair avec la culture.
Et ce n'est que bien plus tard qu'apparaîtront les premiers grands écrivains maritimes.
Larrouy se permet ici aussi quelques réflexions : sur la mondialisation d'abord, mais aussi sur l'Église !
Le galion "Trinidad" emportait vers l'Angleterre tous les instruments dont l'Inquisition avait fait un usage excellent aux Pays-Bas, en Italie, en Espagne et aux Portugal.
Larrouy en fait la liste : poires d'angoisses et trébuchets, étrivières et coins, fauteuils de supplice, roues et estrapades ...
A l'époque, la papauté avait distribué le monde, une part pour l'Espagne et l'autre pour le Portugal.
Et, il n'est pas certain, qu'à l'heure de la parution du livre de Larrouy, la sphéricité du globe soit clairement admise par le Saint-Siège !
Dans un chapitre, en aparté, Maurice Larrouy reconstitue la journée d'un marin à bord d'un vaisseau de l'Invincible Armada.
Et dans un autre récapitule les forces navales en présence.
Maurice Larrouy, dans ses descriptions, fait preuve de réalisme et s'agace même d'un certain romantisme attaché à la littérature maritime.
Pourtant, ce livre, agréable à lire, étonnant à certaines de ses lignes, est le premier d'une belle collection où Larrouy publiera aussi deux autres superbes livres : "les pilotes du froid" et "Antoine et Cléopâtre : la bataille d'Actium", collection dans laquelle on retrouve aussi Louis Guichard avec "la femme et le marin" et "la bouée des rencontres", Pierre Mac Orlan avec "la bouée de Zeebrugge", René la Bruyère avec "les frères Rorique" et Henry Musnik avec "les femmes pirates" ...
Quel programme ... et tout cela pour cinq francs ... c'est donné ! ...




Commenter  J’apprécie          442



Ont apprécié cette critique (44)voir plus




{* *}