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Critique de MadameTapioca


Churchill me fascine. Et je ne suis pas la seule. Les historiens, les romanciers, le cinéma, la télé continuent d'explorer la vie de l'homme politique britannique (et prix Nobel de littérature). Certains biographes consacrent des années et des volumes à un examen microscopique de ce parcours hors normes. Erik Larson fait un choix différent. Il se concentre sur une seule année (mai 1940 – mai 1941), sa première année en tant que Premier Ministre. Il va regarder la grande histoire à travers le prisme de l'intime, raconter un an de moments charnières pour le monde à travers le regard du cercle proche du Vieux Lion, dresser un portrait terriblement humain de l'homme public et au final proposer un docu fiction totalement addictif.

Quand Churchill arrive au 10 Downing Street, il est très populaire auprès de ses concitoyens mais mal perçu par la classe politique. On le dit imprévisible, peu fiable.
Sur la scène internationale, Hitler a envahi la Hollande et la Belgique. La Pologne et la Tchécoslovaquie sont déjà tombées, l'évacuation de Dunkerque se profile et la reddition de la France semble difficile à éviter. Au cours des douze mois suivants, Hitler mènera une campagne de bombardements incessante sur Londres, tuant 45 000 Britanniques.
Churchill va maintenir la cohésion de son pays et tenter de persuader le président Roosevelt que la Grande-Bretagne est un digne allié, prête à se battre jusqu'au bout.

On retrouve bien évidemment dans ce document le Churchill qui nous est familier (le fumeur de cigare, le maitre orateur, le malin, le belliqueux). Mais Larson nous montre aussi un autre Churchill, celui qui laisse paraitre ses émotions sans honte, un homme avec une absence totale de vanité personnelle, avec un sens du devoir exacerbé, conscient que quelque chose de plus grand que lui est en train de se jouer.

En s'appuyant sur des journaux intimes, des documents d'archives originaux et des rapports de renseignement autrefois secrets, l'auteur offre un nouveau regard sur l'année la plus sombre de Londres à travers l'expérience quotidienne de Churchill et de sa famille : sa femme, Clementine ; leur plus jeune fille, Mary, qui s'irrite contre la protection de ses parents en temps de guerre ; leur fils, Randolph, et sa belle et malheureuse épouse, Pamela ; l'amant de Pamela, un fringant émissaire américain ; et ses très proches conseillers vers qui il se tourne dans les moments les plus difficiles. Invitant le lecteur à des réunions top secrètes comme à des repas de famille, Larson nous montre comment Churchill a enseigné au peuple britannique « l'art d'être intrépide », comment il enhardi une petite nation à embrasser son heure de gloire, tout en essayant de persuader les USA d'entrer en guerre. Et quand on voit l'homme d'État grimper sur le toit du 10 Downing Street pour regarder les bombes tomber sur Londres, on comprend la frustration du Führer face à la puissance symbolique de la résistance obstinée d'un homme et de tout un peuple. Il sera plus qu'un leader politique, il sera l'inspiration de sa nation et du monde libre. Mon intérêt pour Churchill sort encore grandi de cette lecture passionnante.

« La splendeur et l'infamie » est un beau pavé qui se lit avec la même avidité qu'un roman à suspens où saga familiale et complot politique se mélangeraient. L'auteur arrive à rendre haletante une histoire dont on connait déjà la fin. Juste génial.

Traduit par Hubert Tézenas
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