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Citations sur La splendeur et l'infamie (34)

Churchill marchait à pas rapides ; son traducteur courait pour ne pas être distancé.

Une fois dans la cabine de la BBC, Churchill s'installa pour prononcer son discours. La pièce était exiguë, avec un seul fauteuil, un bureau et un microphone. Le traducteur, Saint-Denis, censé présenter Churchill aux auditeurs, se rendit compte qu'il n'avait nulle part où s'asseoir.

« Sur mes genoux », dit Churchill. Il se renversa dans le fauteuil et tapota sa cuisse.

« J'ai inséré une jambe entre les siennes et, l’instant d'après, j'étais assis en partie sur l'accoudolr du fauteuil et en partie sur son genou », raconterait Saint-Denis.

« Français ! commença Churchill. Pendant plus de trente ans, en temps de paix comme en temps de guerre j’ai marché avec vous et je marche encore avec vous aujourd'hui, sur la même route. »

La Grande-Bretagne aussi était attaquée, ajouta-t-il, en référence aux raids nocturnes allemands. Il affirma à ses auditeurs que « nos gens continuent de tenir. Mais notre aviation a fait mieux que de faire face. Et maintenant nous attendons l'invasion promise de longue date. Les poissons aussi ».
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Churchill s'était gardé d'évoquer dans son discours un élément sous-estimé de l’évacuation de Dunkerque. Pour quiconque se donnait la peine de regarder, le fait que plus de 300 000 hommes aient réussi à traverser la Manche sous le feu d'une attaque aérienne et terrestre concertée livrait un enseignement assez sombre. On pouvait en déduire que repousser une force de débarquement allemande massive serait plus difficile que les commandants britanniques ne le supposaient, surtout si cette force, à l'instar de la flotte d’évacuation envoyée à Dunkerque, se composait d'une myriade de navires légers, de barges et d'embarcations rapides.

Comme l'écrivit le général Edmund Ironside, commandant des forces britanniques de défense du territoire : « Cela me fait penser que les Boches pourraient eux aussi être capables de débarquer des hommes en Angleterre malgré les bombardements [de la RAF]. »

Ce qu'il redoutait, en réalité, c'était un Dunkerque à l’envers.
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Au final, Londres endura le choc, malgré de terribles plaies. Entre le 7 septembre 1940, date du premier raid à grande échelle contre le centre de la capitale, et le matin du dimanche 11 mai 1941, qui marqua la fin du Blitz, près de 29 000 de ses habitants furent tués, et 28 556 gravement blessés.

Aucune autre ville britannique ne connut de telles pertes, mais sur l'ensemble du Royaume-Uni le nombre total de morts civils en 1940 et 1941, en comptant ceux de Londres, s'éleva à 44 652, et celui des blessés à 52 370.

Parmi les morts, 5 626 étaient des enfants.
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Ce secret-là - que le gouvernement de Vichy n'apporterait pas d'aide militaire directe à l'Allemagne - avait été dévoilé au dîner par une pianiste française, Eve Curie, fille de la célèbre physicienne.

« Mlle Curie, qui est une femme distinguée, aurait dû avoir le bon sens de ne pas cancaner à ce sujet dans une soirée à la campagne, écrivit Churchill à Anthony Eden, son nouveau secrétaire aux Affaires étrangères. Mlle Helen Kirkpatrick a trahi notre confiance pour un profit joumalistique. Il faudrait que ces deux dames soient questionnées par le MI5 au plus vite, et qu'elles donnent des explications. »

II dit en outre à Eden que Kirkpatrick devrait être expulsée du pays sur-le-champ. « La présence chez nous d'une personne de cette sorte, qui vient dénicher ses sujets chez des particuliers et au mépris des intérêts britanniques, est tout ce qu'il y a d'indésirable. »
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Dans la semaine qui prit fin le dimanche 12 janvier, les bombes et les incendies détruisirent 25 000 tonnes de sucre, 730 tonnes de fromage, 540 tonnes de thé et, 288 tonnes de bacon et de jambon, et, peut-être plus barbare encore, 970 tonnes estimées de confiture et de marmelade.
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Churchill fut hébergé à la Maison Blanche, tout comme son secretaire John Martin et plusieurs autres, une occasion pour lui de voir de près Ie cercle Ie plus intime de Roosevelt.

Roosevelt, de son côté, vit de près Churchill. Pendant la premiere soirée que celui-ci et les membres de sa délégation passèrent a la Maison Blanche, l'inspecteur principal Thompson - lui aussi hébergé sur place - était avec Churchill dans sa chambre, à la recherche de dangers potentiels, quand quelqu'un frappa à la porte. A la demande de Churchill, Thompson alla ouvrir et se retrouva face au président, en fauteuil roulant, seul dans Ie couloir. Thompson lui ouvrit la porte en grand mais vit tout à coup une expression singulière s'installer sur les traits de Roosevelt tandis que ses yeux regardaient quelque chose dans son dos, à l’intérieur de la chambre. «Je me suis retourné, écrivit Thompson. Winston Churchill était entièrement nu, un verre dans une main, un cigare dans l'autre. »

Le président entreprit de faire demi-tour.

«Entrez donc. Franklin, lança Churchill, nous sommes très seuls. »

Roosevelt esquissa ce que Thompson appellerait «un curieux haussement d’épaules » et franchit Ie seuil en poussant sur ses roues. «Vous voyez, monsieur Ie président, dit Churchill, je n'ai rien à cacher. »

Churchill jeta une serviette de bain autour de son cou et, pendant l'heure suivante, conversa avec Roosevelt en arpentant la chambre tout nu, en sirotant son verre et en remplissant de temps à autre celui du président. « On aurait dit un Romain aux thermes, en train de se détendre après un débat victorieux au Sénat, écrivit l'inspecteur principal Thompson. Je pense que M. Churchill n'aurait pas cillé si Mme Roosevelt était entrée à son tour. »
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Hopkins se leva et, comme s'en souviendrait Ismay, adressa d'abord « une pique ou deux à la Constitution britannique en général et à notre irrépressible Premier ministre en particulier ». Il se tourna ensuite pour faire face a Churchill.

« Je suppose que vous avez envie de savoir ce que je dirai au président Roosevelt à mon retour », lâchat-il.

C'était un euphémisme. Churchill brûlait de savoir si la cour qu'il faisait à Hopkins était efficace, et, bien entendu, ce qu'il comptait dire au président.

« Eh bien, reprit Hopkins, je vais vous citer un verset de ce Livre des livres dans la vérité duquel la mère de M. Johnston et la mienne, écossaise elle aussi, ont été élevées... »

Hopkins baissa la voix et récita dans un quasi murmure un passage du Livre de Ruth :« Où tu iras j'irai, où tu demeureras je demeurerai : ton peuple sera mon peuple, et ton Dieu sera mon Dieu. »

Puis, encore plus bas, il ajouta : « Jusqu'à la fin. »

C'était un ajout personnel, et une vague de gratitude et de soulagement sembla déferler sur la salle.

Churchill pleura.

« II savait ce que cela signifiait, écrivit son médecin. Même pour nous, ces mots ont été comme une bouée lancée à un homme qui se noie. » Ismay, de son côté, nota : « C'était peut-être indiscret de sa part de montrer son soutien de cette façon, mais cela nous a tous profondément touchés. »
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Du fait de mon choix d'angle particulier, certains documents m'ont été beaucoup plus utiles qu'aux biographes traditionnels de Churchill - par exemple, les listes des dépenses ménagères de Chequers, son refuge primo-ministériel, et un échange de correspondance sur les moyens de cantonner des soldats à I’intérieur même du domaine sans saturer le système d’évacuation des eaux usées, un sujet d’un intérêt considérable sur Ie moment mais pas forcément important pour les futurs historiens.
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Ce qui suit ne se veut en aucun cas un récit définitif de la vie de Churchill. D'autres auteurs ont atteint ce but, en particulier son biographe infatigable mais hélas non immortel Martin Gilbert, dont l'ouvrage en huit volumes renferme une quantité de détails propre à satisfaire les besoins les plus exigeants. Le mien est un récit plus intimiste qui explore la façon dont Churchill et son premier cercle s'y sont pris pour survivre au quotidien : les moments sombres et légers, les imbroglios sentimentaux et leurs déboires, les chagrins et les rires, et les petits épisodes insolites qui révèlent comment la vie a été réellement vécue sous la tempête d’acier
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Chamberlain comprit qu'il n'avait pas d'autre choix que de démissionner. Halifax lui semblait plus stable que Churchill, moins susceptible de précipiter la Grande-Bretagne dans on ne savait quelle nouvelle catastrophe. À Whitehall, Churchill était reconnu pour être un orateur brillant, mais beaucoup critiquaient son manque de jugement. Halifax le décrivait comme un « éléphant fou » . Mais Halifax doutant de sa propre capacité à diriger le pays en temps de guerre, ne voulait pas du poste.
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