Tout d'abord merci à Babélio et aux éditions Asphalte dont je salue l'excellent travail.
le système d, reçu dans le cadre de la Masse Critique vous l'aurez compris, est un très bel ouvrage. Judicieusement élaboré qui met d'emblée dans l'ambiance : la couverture illustrée par le panneau de signalisation One Way (à gauche… un sens qui a son importance) et le plat verso d'un jaune qui n'est pas sans rappeler celui des taxis de … New York où se déroule l'intrigue. L'auteur offre une visite guidée d'une New York post-apocalypse en musique. Guitariste, producteur et compositeur de musiques de films,
Nathan Larson accompagne son récit d'un bon nombre de références musicales répertoriées par l'éditeur dans une playlist sur le rabat de fin du livre (et mise en ligne sur leur site web) pour une immersion totale dans la Grosse Pomme. Une immersion dans laquelle je ne me suis pas aventurée. L'essentiel des artistes, choisis par l'auteur en exclusivité pour Asphalte (Sly and the family stone, Steve Reich, Black Star, The Viscounts, Mulatu Astatgue…) ne font pas partie de ma culture musicale et je n'ai malheureusement pas été happée par l'intrigue au point de faire cette expérience. Je la conseille néanmoins aux amateurs et connaisseurs de New York et de ces artistes pour apporter un plus à ce récit qui manque volontairement de clarté et de profondeur.
Ancien soldat, amnésique, hypocondriaque et paranoïaque (et psychotique ? névrotique ?) « inscrit sous le terme générique de John Doe », Dewey Decimal doit son nom d'emprunt à son projet de réorganisation de la bibliothèque de New York, où il réside, selon
le système de classification décimal de Dewey. Victime d'un symptôme post-traumatique, atteint de pertes de mémoire et délires paranoïaques, il est convaincu d'avoir fait l'objet d'expériences, dont une qui lui vaudraient d'avoir la vie sauve grâce à un vaccin secrètement testé contre la Supergrippe qui a dévastée New York, entre autres choses, lors de(s) l'évènement(s) du 14 février. Decimal survit dans la bibliothèque municipale en exécutant pour le compte du procureur d'obscures missions dont celle de supprimer un gangster ukrainien. Cette mission va le plonger dans une spirale infernale ; manipulé comme un pion il croisera sur sa route des criminels de guerre activement recherchés par des agents fédéraux, le tout sur fond de corruption, de secret défense et de délires obsessionnels. Assailli de toutes parts, il n'aura aucun moment de répit tout comme le lecteur par un récit particulièrement bien construit : à la première personne avec des phrases sans sujet pour marteler l'action et accentuer le caractère névrotique du narrateur. L'auteur alterne les chapitres relatant l'intrigue et quelques-uns où son personnage principal nous dévoile ses angoisses et délires, pas très reposant de plonger dans les pensées d'un homme mentalement atteint. Il n'en reste pas moins un personnage sarcastique attachant avec un code de l'honneur qui lui est propre, les préceptes de son Système nécessaire à sa survie et sa santé mentale.
L'auteur s'emploie avec brio à nous faire entrer dans le cerveau malade de son personnage au dépend de l'intrigue, qui au fil des pages perd de sa consistance pour en définitive ne pas tenir toutes ses promesses. L'intrigue est aussi délurée que son personnage principal, une recette qui aurait pu faire son effet si
Nathan Larson avait levé le voile et approfondit les nombreuses et volontaires zones d'ombres qui ont piquées ma curiosité.
Somme toute une agréable lecture qui m'a laissé sur ma faim.