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Critique de vclayssen


On achève la lecture de la trilogie de Stieg Larsson le coeur serré : non seulement il nous faut quitter des personnages qui nous ont accompagnés pendant près de 2000 pages, et auxquels on s'est attaché, forcément, mais on sait, à l'issue de la dernière page, que c'est vraiment la toute dernière qu'on lit de Stieg Larsson, qui est mort brutalement peu après la remise de son manuscrit à son éditeur.
Quel dommage ! Non que la trilogie appelle une suite : même en étant des inconditionnels de Mickaël Blomkvist le journaliste et de Lisbeth Sanders, la hackeuse surdouée, on souhaite les laisser, à l'issue de ce troisième tome, couler des jours plus tranquilles à Stockholm. Mais de cet auteur auraient pu naître d'autres personnages, d'autres histoires, c'est certain. Il maîtrise à la perfection la construction d'un roman policier, joue parfaitement des points de vue croisés, ne sacrifie jamais l'action au récit psychologique ni ne fait l'inverse. le rythme est parfait, et, heureusement, aucun des personnages ne l'est : Larsson a compris que c'étaient leurs défauts et imperfections qui nous attachent aux héros d'un roman. Bloomkvist est plutôt égocentré, désordonné, monomaniaque, inconstant. Lisbeth enfreint la loi, Robin des Bois électronique dépouillant un riche homme d'affaires via internet, mais ommettant de redistribuer son butin aux plus pauvres. Erika, la maîtresse de Mickaël, a le goût du pouvoir. Les personnages sont nombreux, policiers, journalistes, détectives privés, hommes d'affaires, agents secrets, conspirateurs, hommes de main, juges et médecins.

Les trois tomes s'articulent chacun autour d'une intrigue spécifique, les deux derniers étant plus solidaires entre eux qu'avec le premier. Peu à peu émerge le personnage de Lisbeth, qui prend de plus en plus d'importance au fur et à mesure de notre lecture. Petite et frêle, bardée de piercings et de tatouages, quasi muette, Lisbeth est un personnage tout à fait hors du commun, tel que la littérature policière ne nous en avait pas encore présenté. Victime et témoin de violences inouïes dans son enfance, elle est un exemple de résilience qui aurait ravi Boris Cyrulnik : un “vilain petit canard” au cerveau puissant, aux muscles déliés, déterminée, active, redoutablement habile. Comme plusieurs personnages de la trilogie, elle revendique une sexualité libre, et dispose de son corps à sa guise : avec une femme ou un homme, amoureuse ou simplement désireuse de passer un bon moment.

Intrigue policière et sentimentale, Millénium est aussi un regard acéré sur la société suédoise. L'auteur, au fil des péripéties, nous rappelle la fragilité de la démocratie, l'impérieuse nécessité d'une presse libre, celle aussi de la séparation des pouvoirs. Journaliste, il nous entraîne dans les couloirs et les bureaux de la rédaction de deux journaux, Millenium, le petit impertinent, et le Svenska Morgon-Posten, poids lourd de la presse.

Restent les méchants. Les méchants de Millenium sont vraiment très, très méchants. Pourris. Pervers. Violents. Sadiques. Méfiez-vous tout particulièrement de Zalachenko, dit Zala. Personnellement, je ne lui confierais pas la garde de mon poisson rouge…
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