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Critique de Apoapo


J'avais le souvenir lointain d'une conférence sur Cornelius Castoriadis, à l'époque où "je faisais Sciences-Po", sur la critique de la bureaucratie. Puis, plusieurs fois, ma main a esquissé le geste d'attraper Une société à la dérive sur un rayon de bibliothèque... mais j'étais loin de supposer que ce philosophe politique pût être mis en relation avec la décroissance. Serge Latouche, dans sa collection "Les précurseurs de la décroissance", se charge de convoquer des penseurs vis-à-vis desquels cette relation peut paraître insolite voire parfois incongrue. Il s'agit là de "petits livres" destinés, à mon sens, à un public de spécialistes, pour qui a minima la pensée d'Illich et celle d'Ellul n'ont plus de secret (hein, l'ami Laudateur ?), à l'aune desquelles d'autres auteurs peuvent se prêter à comparaison.
Dans cet ouvrage, ce sont les notions de "signification imaginaire sociale" et "d'autonomie", mais aussi plus généralement le lien entre la Raison occidentale (Descartes, Leibnitz) et l'expansion de la bourgeoisie et du capitalisme (du "développement"), propres à Castoriadis qui servent la cause de la décroissance. Ces notions-là devraient être connues, car leur présentation en est faite dans les termes les plus succincts, en quelques pages voire à peine des citations de quelques phrases. La lecture en résulte donc particulièrement ardue. (Serait-ce aussi pour ridiculiser ceux qui caricaturent la notion de décroissance comme l'idée fruste d'en "revenir à la bougie" ?)
Les deux premiers chapitres : "C. C. ou l'autonomie radicale" et "L'utopie concrète de la démocratie directe" présentent les aspects où Castoriadis semble être le plus éloigné de la théorie de la décroissance actuellement connue ; l'aveu est fait d'ailleurs que celle-ci, et en général les préoccupation écologistes de l'auteur constituent une partie minime des ses écrits.
Les deux chapitres suivants, qui déjà dans leur intitulé, reprennent la terminologie latouchienne : "Décolonisation de l'imaginaire et réalisation de la société d'abondance frugale" et " Conclusion : décroissance ou barbarie", démontrent par contre, toujours par "petites touches" de citations significatives et profusion de références en bas de page, combien le philosophe s'inscrit dans les problématiques de la critique de l'économie et particulièrement dans la critique du développement : les postulats de la théorie économique, ainsi que ceux du pouvoir politique représentent en effet autant de "significations imaginaires sociales" que "l'autonomie" (au sens étymologique : se donner ses propres lois) se doit de questionner sous peine de priver la démocratie de tout son sens.
Enfin les 30 dernières pages sont composées de cinq textes de Castoriadis, donc relativement longs, reproduit sans interruption ni commentaire. Ce sont les plus claires, paradoxalement. On peut se demander si les lire en premier n'aurait pas grandement facilité la lisibilité du livre - en tout cas c'est le conseil que je peux donner.
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