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Je n'étais pas encore remise de "la carte postale "de Anne Berest. Comme elle, j'ai avalé cette « Promesse » en une nuit et je n'arrive pas plus en m'en sortir que de « la carte postale ».
Toutes les 2 « déplacées » ont cherché et trouvé leur place : pour Anne Berest dans la communauté des filles et petites filles de survivants, pour Marie Madeleine Frieda et ses frères sur les murs du Mémorial de la Shoah.
J'avais été gênée dans le récit d'Anne Berest par ses expériences psychiques étranges vécues depuis sa petite enfance auxquelles elle a trouvé, a posteriori, à la découverte de l'histoire de ses aïeux, une explication d'ordre psychogénéalogique que j'avais jugée « fumeuse » jusqu'à douter je l'avoue, de leur sincérité. J'ai retrouvé ces mêmes réminiscences chez Marie de Lattre . Mais ces allusions, plus subtiles me sont apparues plus crédibles. Ce qui me fait réviser d'une part mon opinion sur la sincérité d'Anne Berest , mea culpa, et d'autre part titille sérieusement mon esprit résolument cartésien et amène de nombreuses questions :Marie de Lattre avait 20 ans au décès de son père, elle n'a eu connaissance de son histoire que quelques années plus tard probablement avant la naissance de sa première fille, elle ne nous le dit pas. Est-ce le hasard qui fait qu'elle habite le quartier où les Kogan étaient cachés, ou bien l'a-t-elle choisi après avoir eu connaissance du passé ? Est-ce un souvenir construit que ce « léger vertige » qu'elle ressentait à chaque fois qu'elle se rendait sans le savoir à quelques mètres de l'appartement de ses ancêtres ? Ce sentiment « d'appartenir à un passé que je n'ai pas vécu », ces cauchemars qui cessent à la naissance de sa deuxième fille : les rêvaient-t- elle avant de savoir et surtout avant d'avoir passé 20 ans à travailler sur son histoire ? Mais surtout pourquoi cette affaire de psychogénéalogie me questionne autant alors qu'elle est anecdotique ? Et si j'avais les réponses à ces questions, ces 2 tragédies cesseraient-t-elles de m'accaparer ?
L'autrice s'interroge sur sa légitimité « Ai-je droit à la parole ? » Ce n'est pas un droit, c'est un devoir. Elle le devait à son père, à ses enfants et à tous les autres disparus effacés, anéantis, dont on ne retrouvera jamais les traces , pour qui personne n'aura jamais pu dire le Kaddish des endeuillés.
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Très beau premier roman autobiographique sur un sujet très dur : la shoa.
À la mort de son père Jacques, Marie (l'autrice), hérite d'une enveloppe contenant plusieurs lettres d'amour, ainsi que d'un mot datant de 1943 griffonné au crayon : "N'oublie pas l'enfant". Qui a écrit ce mot, et à qui s'adresse-t-il ?

Marie, va se lancer dans les recherches de sa famille, de ses racines, et découvrir cette "promesse" qui a été faite durant la seconde guerre mondiale, afin de sauver son père des camps de la mort...

Nous sommes en 1942, Jacques, le père de Marie a 8 ans. Il est le fruit de l'amour de Kogan et Frieda, des juifs émigrés d'Europe de l'Est, qui seront arrêtés et envoyés au camp de Drancy, avant d'être transférés vers la Pologne où ils seront exterminés.

Depuis le camp de Drancy, le père de Jacques écrit à sa maîtresse, et la mère de Jacques fait de même auprès de son amant. Tous deux formuleront une seule et même prière auprès de leurs amants respectifs : sauver leur fils Jacques de la déportation.

Quatre destins qui se croisent, liés par un terrible secret, qui ne vous laissera pas indifférent, tant l'histoire est sensible et émouvante !
Ce passé aura des répercussions sur le comportement de Jacques adulte. Il s'enfermera dans un silence, et taira son passé auprès de sa fille Marie et de son fils, des jumeaux, pour les protéger, pas par peur mais par honte d'être survivant, et terriblement angoissé que L Histoire ne se répète.

L'autrice va mettre plus de 20 ans à accepter et comprendre qui elle est, et à faire éclater la vérité au sujet de leur filiation.

Cela peut paraître paradoxal, mais malgré la dureté du thème, c'est joliment écrit, sans pathos inutile, avec des mots d'une justesse incroyable !
C'est un témoignage de plus sur le poids des non-dits, marqués par cette lourde période de l'Histoire…



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Récit très personnel.
Libérateur très certainement pour l'auteure.
Récit universel.
Éclairant avec certaines précisions mon (le) besoin de connaissances sur cette effroyable période de l'Histoire.
Questionnement personnel.
Ce livre m'interpelle. Ma mère née en 1931 a vécu aussi durant cette guerre. Elle ne nous 'a jamais parlé ou si peu (quelques rares anecdotes qu'elle évoquait avec sa soeur ainée) de cette enfance bouleversée.
Peut-être que c'est de cet endroit qu'est issu ce besoin personnel de savoir, d'imaginer ou d'essayer de comprendre ce que dit le silence des mots. Ce fameux silence dont nous héritons.


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"La Promesse" de Marie de Lattre est une oeuvre poignante qui explore avec sensibilité les intrications d'un secret de famille profondément enfoui dans le tumulte de la Seconde Guerre mondiale. À travers une narration intimiste, l'auteure nous plonge dans l'univers tourmenté de son propre passé, révélant les traces indélébiles laissées par la tragédie et l'amour interdit.

Le récit s'ouvre sur une révélation bouleversante : le secret longtemps gardé par le père de l'auteure sur les événements dramatiques impliquant ses quatre grands-parents paternels à Drancy en 1942. Ce pacte de solidarité entre amants, forgé dans les affres de la guerre, devient le point focal d'une quête personnelle pour comprendre et honorer l'héritage familial.

Marie de Lattre navigue habilement entre l'ombre du silence imposé par la douleur et la lumière de la nécessité de témoigner. À travers sa plume délicate, elle trace les contours d'une histoire méconnue, celle de survivants brisés par l'indicible, mais également celle d'une génération postérieure en quête de vérité et de rédemption.

L'émotion affleure à chaque page alors que l'auteure dévoile les souffrances indicibles de ses ancêtres, confrontant le lecteur à la dure réalité des rafles et à la cruauté de l'Histoire. Mais au-delà du drame, c'est aussi le récit d'une résilience, d'un devoir de mémoire ancré dans les gènes de l'auteure, qui se manifeste avec force à travers cette oeuvre sincère et bouleversante.

En choisissant de rompre le silence et de partager cette histoire avec le monde, Marie de Lattre accomplit un acte de courage et de révérence envers ceux qui ont souffert et ceux qui sont tombés dans l'oubli. "La Promesse" nous rappelle ainsi l'importance cruciale de se souvenir et de témoigner, surtout dans un monde où l'indifférence menace de faire sombrer les horreurs du passé dans l'oubli.

En conclusion, "La Promesse" est bien plus qu'un simple récit biographique ; c'est un hommage vibrant à la résilience humaine, à la quête de vérité et à la nécessité impérieuse de transmettre l'héritage familial. Une lecture incontournable qui résonne au coeur de l'âme humaine et nous rappelle que même dans les ténèbres les plus sombres, la lumière de la vérité peut encore briller.
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Impossible de lâcher ce livre lu avec beaucoup d'émotion. La reconstitution de l'arbre généalogique de l'auteur à la mort de son père à qui ses enfants font la promesse de ne pas reprendre le patronyme initial.
Ce père, enfant, sauvé par les amant-e-s de ses parents juifs russes immigrés bohèmes à Paris disparus dans la Shoah.
Très beau récit de transmission incarné. Texte court mais immense en émotion.
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Il y a des promesses qu'on fait du bout des lèvres , tout en sachant qu'on ne les respectera pas et puis il y a celles qu'on fait dans le désespoir, des situations extrêmes et qui changent le cours d'une vie. C'est ce genre de promesse que Pierre et Madeleine firent à leurs amis et amants respectifs Frieda et Kogan.
Au coeur de cette promesse, un enfant. Il s'appelle Jacques, né de parents juifs, dans une France qui va être confrontée à la guerre. Il faut le protéger, il faut qu'il survive. Ce sera au moins ça, cet espoir insensé au milieu de la noirceur. Et pour honorer leur promesse, Pierre et Madeleine formeront un couple atypique dont l'union sera symbolisée par cet enfant qu'ils élèveront comme ils l'ont promis. Pas d'histoire d'amour entre eux mais juste une longue fidélité à leurs amours disparus.
Des années plus tard, Marie, la fille de Jacques décide de fouiller dans le passé de son père pour y voir plus clair et trouver sa vérité. Confusément, elle le sent. Des fantômes pèsent sur ses épaules, les non-dits et les secrets prennent une pace aussi invisible qu'importante. Alors elle se lance dans une quête aux souvenirs pour redonner une juste place à tous ces morts et ne plus renier sa part de judéité comme son père fut contraint de le faire.
L'auteure nous livre ici un livre plein d'émotions, qui interroge la place de chacun dans son histoire familiale et le terrible poids des secrets. Tout comme Anne Berest dans "La carte postale", elle réaffirme le pouvoir des mots pour panser les plaies du passé et reprendre le contrôle de son histoire.
Un très beau témoignage.
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Près de six millions de Juifs ont été exterminés par l'Allemagne nazie durant le second conflit mondial.
En leur offrant un nom et une individualité la littérature les a extrait de cette masse anonyme.
Avec « La Promesse », Marie de Lattre participe à sa manière à les sortir de l'obscurité.
L'autrice-narratrice a 13 ans lorsque Jacques, son père, lui annonce que Pierre et Madeleine sont ses parents adoptifs. Ses « vrais parents », Frida et Kogan, ont été assassinés à Auschwitz. Après cette révélation, il lui enjoint de se taire.
Marie a pour deuxième prénom Madeleine, « celui qui protège » et pour troisième Frida, « celui qui révèle, qui trahit les origines ». Avec ces deux prénoms dont elle a hérité, écrire l'histoire de ses ancêtres était une évidence. Au risque de trahir la promesse arrachée par son géniteur.
C'est dans des lettres qu'elle découvre le « secret caché dans le secret » : la passion entre Kogan et Madeleine et celle entre Frida et Pierre.
Ce qui fait la singularité du récit est le sacrifice qu'ont fait Madeleine et Pierre pour offrir à l'orphelin une famille de substitution. En mémoire de leurs amants disparus.

EXTRAITS
Les enfants perdus font souvent, à leur tour, des enfants perdus.
Je suis la mémoire de son enfance.
Mes filles sauront d'où elles viennent sans en porter le poids.
Lien : http://papivore.net/litterat..
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Marie de Lattre a treize ans quand son père, Jacques, lui confie un secret. Il lui explique que ses parents, Pierre et Madeleine (les grands-parents de Marie), sont en réalité ses parents adoptifs. Ses vrais parents, Kogan et Frieda étaient juifs et ont été déportés pendant la seconde guerre mondiale. Jacques demande à sa fille de ne jamais révéler ce secret. A cet âge-là, Marie ne comprend pas. Ce secret est abstrait, flou et elle décide de le placer dans un tiroir mental. Ce tiroir, elle l'ouvrira quelques vingt années plus tard, après la mort de son père, lorsque sa mère lui confie des lettres lui appartenant. Marie décide de retracer la vie de son père, de Kogan, Frieda, Pierre et Madeleine.

On ressent cette ambivalence : l'envie irrépressible de savoir freinée par la peur de mettre en lumière des secrets trop lourds à porter. La seconde guerre mondiale est un sujet qui me passionne et qui est à mes yeux très important. Marie de Lattre nous raconte une histoire dans l'Histoire et plus particulièrement, son histoire. Si elle n'a pas vécu la Shoah, on la sent intrinsèquement liée à cette sombre période. Elle en fait un devoir de mémoire, son chemin de croix et honore ainsi sa famille, biologique et adoptive.

La Promesse est une histoire d'amour(s), de filiation, de sacrifices et de dévouement. Marie de Lattre brise la promesse faite à son père pour lui faire, le plus beau des cadeaux : un touchant hommage posthume à celui qui s'est tu toute sa vie. Un récit empli d'amour, pour ne jamais oublier.
Lien : http://romansurcanape.fr/la-..
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Livre-témoignage sur une vie familiale, deux histoires d'amour, la difficulté à exister à travers les secrets de famille. C'st un chouette témoignage, plein de justesse et de pudeur, touchant d'émotion, de questionnements sur l'hérédité, sur les non-dits, sur l'injustice, sur l'atrocité d'une guerre et sa répercussion sur un peuple et ses descendants.
On ne peut que remercier l'auteur pour ce témoignage qui est aussi son histoire et celle de sa famille.
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Marie de Lattre nous raconte l'histoire de ses aïeux avec une certaine mélancolie dans chacun des mots qu'elle a utilisés afin de nous faire rencontrer des personnages dignes d'un roman. de ce fait, ce travail devient une autobiographie attachante que ce soit pour ses grands parents, frères et autres protagonistes.
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