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Critique de SeriallectriceSV


Un roman féministe teinté d'humour et d'ironie qui m'a franchement bien plu.
Au vu de certains avis réservés, j'ai bien failli reporter cette lecture. Cela aurait été bien dommage. Car au-delà du sujet principal de ce livre, la défense de la cause des filles et des femmes, qui m'intéresse et me fait encore, toujours grimacer, je serais passée à côté d'une plume remarquable et d'une exceptionnelle maîtrise. Camille Laurens joue avec les mots et c'est souvent avec le sourire aux lèvres et admirative que j'ai lu ce livre, relisant certains passages, comme ceux des premières pages - une entrée en matière géniale et déroutante à la fois -, et également le récit du deuxième accouchement qui m'a émue aux larmes.
J'ai aimé le rythme de cette lecture, les changements de tons à l'image des tumultes de la vie. L'intimité d'une vie qui happe, fait réfléchir, des instants de foudre racontés avec fougue et qui saisissent. Une invitation au respect aussi.
Il y a le sujet bien entendu, plusieurs sujets en réalité : la souffrance des filles, femmes, l'adolescence, la sexualité, le mensonge, le deuil, la condition des filles, des femmes dans notre société ... ; les propos de l'auteure sont très tranchés; le titre déjà FILLE qui parle de lui-même. Camille Laurens fait une belle démonstration de ce que cela représentait de naître fille dans les années 50 : un fardeau, une tare pour le père de famille essentiellement finalement, et son cheminement est intéressant. J'ai apprécié aussi que l'auteure ne tombe pas dans la victimisation au féminin, d'une manière générale, même si certains passages peuvent l'infirmer.
« [...] c'est la leçon de choses dont tu aies jamais eu à subir le scénario, celui-là tu n'aurais pas pu l'imaginer. Mais la perte de chance remonte à bien plus loin, c'est une très vieille histoire, qu'on pourrait croire à tort écrite pour ailleurs ou pour autrefois. La perte de chance, ici et maintenant, c'est d'être quelqu'un qui ne choisit pas, qu'on manipule, le jouet d'un mensonge, l'objet d'une machination, l'enjeu d'un accord tacite, une personne dont le sort, la vie, le malheur et la joie se décident à côté d'elle, en dehors d'elle, malgré elle, chez les parents, les maîtres et les hommes. La perte de chance, tu vois, c'est d'être une fille. »
En tant que Fille, Femme, Mère ... il fallait rester à sa place. L'auteure nous fait prendre conscience du chemin qui a été parcouru depuis le milieu du siècle dernier : aujourd'hui, les femmes peuvent ouvrir un compte en banque par exemple, elles ont droit de travailler sans demander l'autorisation à leur mari...Pourtant, des combats sont encore à mener pour que la parité soit acquise. Et cela n'est pas anodin si le thème de la libération de la femme occupe encore une large place dans les écrits de cette rentrée littéraire.
« La différence, maman, entre les hommes et les femmes, tu vois, c'est que les hommes ont peur pour leur honneur, tandis que les femmes, c'est pour leur vie. le ridicule ne tue pas, la violence, si. »
Un itinéraire singulier particulier qui peut parler à beaucoup. Quelques généralités peut-être un peu faciles, mais dans l'ensemble une très belle lecture qui fait résonance avec celle que je viens de terminer "Le silence d'Isra" de Etaf Rum, un primo roman : trois portraits de femmes victimes de la tradition. Un livre plébiscité sur les réseaux, qui m'a également touchée.
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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