Si "
Fille" est un roman autobiographique c'est d'abord un livre dans lequel
Camille Laurens s'interroge sur la place des
filles des années 60.
J'ai adoré d'autant plus que je suis de la même génération. La seule différence, de taille, est que je suis née dans une famille engagée, de parents féministes qui souhaitaient avoir des
filles.
Chez Laurence Barraqué, à Rouen, le père veut un garçon, alors c'est une déception à la naissance (il n'y avait pas d'échographie à l'époque) quand il apprend que c'est ENCORE une
fille. Cette situation, de mettre toujours les
filles au second plan, n'est pas toujours présentée de façon directe, elle est souvent insidieusement : c'est bien AUSSI une
fille.
A partir de l'écriture de soi, l'autrice détaille le vécu de Laurence en suivant la chronologie, de sa naissance en tant que
fille en 1959 à son rôle de mère d'une
fille... sans prendre de gants. Elle montre à quel point le sens du mot
fille est péjoratif au-delà de la filiation et ce témoignage permet de voir l'évolution de la condition féminine en France sur une cinquantaine d'années.
Il y a des moments qui dérangent comme quand les vieux pervers de la famille la tripotent et se masturbent sur elle alors qu'elle a une dizaine d'années, dans une totale impunité; même les femmes lui demandent de se taire. C'est très réaliste et on comprend l'importance du mouvement #MeToo qui a déclenché l'écriture de ce livre. Je trouve qu'elle a raison de pointer ce qui ne va pas.
Ce genre d'événements tragiques qui arrivent aux
filles ne veux pas dire qu'être une
fille est tragique,
Camille Laurens nous le démontre parfaitement.
Challenge Multi-défis 2021