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Citations sur Demain j'étais folle : Un voyage en schizophrénie (29)

Avant, je vivais des journées de mouton.

Chaque jour, les bergers du service nous rassemblaient tous pour une sortie en troupeau.
Et comme presque tous les chiens de berger, ils poussaient des aboiements perçants si quelqu’un hésitait à passer la porte.
Il m’arrivait de bêler un peu, tout bas,
tandis qu’ils me menaient dans les couloirs,
mais personne ne m’a jamais demandé pourquoi
à partir du moment où on est fou, on peut bien bêler.

Avant, je vivais des journées de mouton.
Ils accompagnaient un troupeau compact sur les chemins
autour de l’hôpital,
Un troupeau lent et hétéroclite de gens que personne ne pensait
à regarder.
Car nous étions devenus un troupeau,
et tout le troupeau doit sortir se promener,
et tout le troupeau doit rentrer.

Avant, je vivais des journées de mouton.
Les bergers coupaient ma crinière et égalisaient mes griffes
pour que je me fonde plus facile dans le troupeau.
J’avançais sans hâte parmi des ânes, des ours, des écureuils et des crocodiles bien coiffés
En me demandant pourquoi personne ne voulait nous voir.

Avant, je vivais des journées de mouton.
Alors que tout mon être ne rêvait que de chasse à travers la savane .
Et je me laissais emmener du pacage à l’enclos, de l’enclos
à la bergerie
quand ils disaient que c’était le mieux pour un mouton.
Et je savais que c’était faux.
Et je savais que ça ne durerait pas toujours.

Avant, je vivais des journées de mouton.
Mais demain, j’étais toujours un lion.
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Il fallait que je prenne mes médicaments et que j’aille à l’école, ce qui représentait deux actions distinctes. Mais je n’étais qu’une seule et même personne. Or ces médicaments qui me rendaient assez calme pour suivre en classe et qui atténuaient suffisamment les hallucinations pour que je puisse écouter le professeur, m’abrutissaient et me fatiguaient à tel point que c’était très pénible d’aller à l’école. Ils nuisaient aussi beaucoup à ma motricité fine. Je tiens un journal intime depuis que je suis adolescente, en tout cas par périodes, et quand j’en reprends les cahiers, je vois bien que l’écriture change sous l’influence des médicaments, et redevient progressivement la mienne. Elle n’a pas tellement évolué depuis mes dix-huit ans, mais elle différait du tout au tout quand les traitements étaient les plus lourds. Je me rappelle que beaucoup d’autres aspects de ma vie étaient également altérés.
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