Les rapaces, tome 2 : La buse

J’ai tout sacrifié pour elle, toutefois aucun de mes actes ou de mes paroles ne trouve grâce à ses yeux. Pourtant, je fais tout pour qu’elle m’aime, pour qu’elle admette que je m’efforce de changer, que je tente de devenir comme elle, mais rien, à part des reproches.

Je n’ai pas l’impression de l’être. J’ai une vie active, j’ai plus de conquêtes que je ne le voudrais, j’ai du fric à n’en savoir que faire et surtout… je mange à ma faim tous les jours.

Je suis comme un fœtus dans le ventre de sa mère, recroquevillé, baignant dans un monde irréel… Je suis si mal qu’il me semble voir des lumières de toutes les couleurs, alors que je sais pertinemment qu’elles ne sont que dans ma tête. Puis, petit à petit, je me calme et j’ai conscience que le plus gros de la crise est passé. Je pousse un profond soupir et je m’endors, enroulé autour de Jeannie, qui ne risque plus de s’enfuir.

Il est le seul à me rendre comme ça, le seul avec qui je me sente à l’aise avec ma sexualité, et même si je dois afficher un air neutre et froid, je sens la glace qui entoure mon cœur fondre légèrement. Mon souffle se fait un peu plus rapide, mes doigts tremblent lorsque j’écarte ses cuisses, mais il se retourne brusquement, me coince entre lui et la paroi vitrée.

J’en suis étonnée, d’autant plus que ma libido était totalement en berne, ce qui me rassurait, puisque je ne voulais pas éprouver d’attirance pour mon fiancé. Mais là, c’est un raz-de-marée de sensations qui déferle en moi. Même mon vagin pulse nerveusement, en quête d’un sexe d’homme pour le remplir. Mon clitoris se met aussi au diapason et j’ai l’impression qu’il s’est transformé en un mini-cœur qui bat au même rythme que mon organe de vie.

Buse est toujours aussi magnifique. À dire vrai, il est encore mieux qu’à l’époque où nous étions ensemble. Nous n’étions alors que des ados en proie à nos hormones, aussi, son corps était encore celui d’un gamin, mais à présent, c’est un homme qui se trouve devant moi, un homme musclé qui doit visiblement passer énormément de temps dans les salles de sports. Ses pectoraux sont bien dessinés, ses abdominaux sont sculptés en de délicieuses tablettes de chocolat et il me faut faire preuve d’un self-control à toute épreuve pour ne pas me précipiter et les dévorer.

Chaque mot est comme une lame qu’elle me plante en plein cœur. Je suis à la fois choqué et écœuré. Si elle savait que j’ai des millions qui dorment sur un compte, que c’est moi qui m’occupe des affaires familiales et que j’ai doublé les bénéfices, je suis certain qu’elle ne me parlerait pas de cette façon, comme si je n’étais qu’un misérable insecte… La garce !

Son kiff dans la vie : faire sentir à celui qui se trouve en face d’elle qu’elle vaut plus, beaucoup plus, et que son standing l’empêche de côtoyer la « lie » de la société.

Je plonge mon visage au creux de son cou. Je sais qu’elle est très sensible à cet endroit et, en effet, je la sens vaciller dans mes bras, alors… je la mords… violemment. Elle laisse échapper un hurlement. Elle est à la fois surprise, choquée, et elle me repousse vivement en me fixant comme si j’étais un monstre. Toutefois, elle semble oublier une chose, c’est que c’est elle qui m’a rendu ainsi, aussi insensible, aussi… fils de pute !

Oh putain, j’ai l’impression d’être au paradis ! Le goût de sa bouche est toujours aussi addictif. Elle a perdu beaucoup de ses courbes, pourtant ses seins n’ont rien perdu de leur volume et je rêve de les voir, de les toucher, de les malmener un peu. Je sais que j’ai été brutal lorsque je me suis emparé de ses lèvres, mais il faut qu’elle comprenne que, pendant la durée de mon séjour au chalet, elle sera à moi.