Citations sur Total K.O. (18)
Je lui réponds que oui, malheureusement, nous en avons. L’utilisation de l’adverbe prépare le terrain. Il annonce la couleur. Non, les nouvelles ne sont pas bonnes. Il n’y a plus rien à espérer. Je l’entends bredouiller un « attendez, je me gare ». Et j’attends. J’ai peur d’être maladroite, de manquer de tact. Il reprend le combiné.
On attrape avec des pincettes, on prend des précautions. On jauge les gens. On cherche les pièces manquantes. Ici : l’ordinateur, le téléphone portable et la carte bancaire de cette femme blonde aux allures de mannequin pour cosmétiques de luxe.
Ici les gens ne parlent pas avec les mains, mais peu importe, le corps s’exprime, même dans l’immobilité.
Le mot "compliqué" est à la mode. Il m'arrive de l'employer quand je ne veux pas développer. C'est un mot facile, qui dédramatise, mais qui masque souvent des situations bien plus tendues ou douloureuses. J'aimerais leur en parler mais je ne peux pas. Je les connais si peu finalement.
Soudain je m'arrête. Pendant une seconde, la lumière à fait miroiter un objet sur le sol. j'accélère le pas en ne quittant pas des yeux le point argenté. Quand j'arrive à son niveau, je m.accroupis : l'angle métallique d'un objet dépasse. Un portable, à moitié recouvert par l'humus.
En dehors du boulot, ma vie se résume à Lisa. Nous parlons peu de son père, comme si nous avions fait un pacte. Juré de relever la tête, de ne pas nous enfermer dans la colère ou le chagrin pour nous sortir de l'absence obsédante.
L'ombre recule et s'évanouit.
En marchant sur le sentier, je repense aux griffures sur les bras et les jambes de Marianne Cassan. Je l'imagine en Blanche-Neige, affrontant une nature hostile et terrifiante au milieu de la nuit. Fuyant quelqu'un.