On dira ce qu’on voudra, il n’y a pas d’avenir possible pour un bébé chat tout seul dans les bois. Un tout petit mini riquiqui chat perdu dans la forêt, ça n’a aucune chance. Je sais de quoi je parle.
C’est un peu gênant à avouer, mais je me suis perdu à cause d’une grosse mouche moche aux pattes pleines de crottes avec des yeux de merlan frit. Je siestais gentiment dans la grange avec mes frères et soeurs quand elle s’est mise à me ziiiiziiiiter dans les oreilles. De quoi me rendre complètement fou ! J’ai dû la poursuivre jusque dans les tréfonds de la forêt pour qu’elle finisse par me laisser tranquille.
Après ça, quand j’ai voulu revenir chez moi, à la ferme, impossible de la retrouver. Pouf ! Envolée, la ferme ! Et plus je la cherchais, plus je m’enfonçais dans le labyrinthe tortueux des sentiers de la forêt. J’ai bien marché deux ou trois millions de kilomètres comme ça, sans m’arrêter. Je me suis retrouvé à l’autre bout du monde, assurément pas loin de l’Australie. J’étais même étonné de ne pas marcher la tête en bas. (p. 7-8)