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Critique de Sarindar


Ce n'est pas une thèse, comme on l'a longtemps cru et écrit. C'est le mémoire d'un jeune homme qui fit ses études au Jesus College à Oxford de 1907 à 1910 et produisit ce texte comme Bachelor of Arts.
Thomas Edward Lawrence (1888-1935) s'intéressa fortement à l'architecture militaire et religieuse médiévale durant sa jeunesse, sans doute sous l'influence de son père Thomas Tighe Chapman, et il effectua en France, à commencer par la Bretagne, une série de visites pour y voir plusieurs de nos châteaux forts et de nos cathédrales (ayant fait de même dans son Pays de Galles natal). Il vint chez nous durant trois étés consécutifs, en 1906, 1907 et 1908. Il se déplaçait alors à bicyclette et envoyait à sa mère des lettres où il donnait ses impressions de voyage (il avait dans ses sacoches le Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe au XVIe siècle d'Eugène Viollet-le-Duc, admiré par Lawrence-- et bien trop pour ce qu'il a fait à Carcassonne) .
Le plus important restait à venir : le long périple pédestre qu'il fit, en 1909,en Terre Sainte, au Liban et en Syrie, sur les pas des Croisés.
Il tira de tout cela ce travail "universitaire" ou scolaire accompagné de photographies, de plans et de dessins sous le titre de : L'influence des Croisades sur l'architecture à la fin du XIIe siècle (qui deviendra le livre Châteaux des Coisés publié par Golden Cockerel Press en tirage limité en 1936, un an après la mort de Lawrence).
Après 1918, Thomas Edward avait depuis longtemps tiré un trait sur son intérêt premier pour l'histoire médiévale, tout en continuant à s'informer et à faire ici et là des commentaires dans sa vaste correspondance suivie avec ses amis.
Ce n'est que récemment que les spécialistes de l'histoire lawrencienne et surtout les spécialistes de la castellologie sont revenus sur ce thême : après Maurice Larès et moi-même, nous avons vu plusieurs personnes reprendre la question, Robin Fedden, Hugh Kennedy, Nicolas Prouteau, Jean Mesqui et Alan Tami.

Que disait en gros Lawrence ? Que les Européens étaient partis en Croisade avec en tête le modèle du donjon quadrangulaire en pierre qu'ils implantèrent en Orient, sans être aucunement influencés par les exemples byzantins, arméniens et musulmans rencontrés sur place. C'est vrai pour la première partie de la démonstration : le donjon carré carré ou rectangulaire (sans les contreforts habituels visibles en Occident) a bien fait souche en Orient. Mais les influences croisées orientales et occidentales se sont bien interpénétrées. Il tenait le Château-Gaillard de Richard Coeur de Lion comme une forteresse de tradition européenne pure. Mais en est-on si sûr ? On pourrait aussi discuter sur le point de savoir d'où vinrent, à leur point de départ, les mâchicoulis et l'adoption du plan circulaire pour les tours (afin de résoudre la question des angles morts posée par les tours romanes ou "normandes").
Reste que le texte de Lawrence conserve bien de l'intérêt comme témoignage d'une passion et d'un point de vue qui est encore sujet à débat).

François Sarindar, auteur de Lawrence d'Arabie. Thomas Edward, cet inconnu (2010)
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