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Critique de Acerola13


Comment décrire cette épopée autobiographique monumentale de près de 900 pages, qui nous conte les pérégrinations de Thomas Edward Lawrence, plus connu sous le nom de Lawrence d'Arabie ?

Cet officier anglais imagine en pleine Première Guerre mondiale une grande révolution arabe dressée contre l'Empire ottoman, et qui viendrait soulager les autres fronts français et russes. Pour réaliser sa vision, il se met à la recherche d'un chef bédouin charismatique qu'il trouvera en la personne de Fayçal, un des fils du chérif Hussein de la Mecque. S'ensuivent ensuite d'interminables voyages et attaques éclair à dos de chameau, des douleurs physiques à la limite du tolérable et des disputes quotidiennes pour tenter de garder unies des tribus du désert habituées à se quereller sans cesse...

Loin d'être un simple récit de l'avancée des Arabes du Hedjaz à Aqaba, puis à Damas, les sept piliers de la sagesse est également, au gré des chapitres, une réflexion sur la stratégie, la géographie, les peuples du Moyen-Orient ou encore une confession à mi-voix de son auteur.

On y retrouve en effet une analyse précise du cours de la guerre et des impacts que peuvent avoir une victoire ou une défaite dans les tranchées françaises sur le matériel pouvant être livré par le canal de Suez, mais aussi une critique des différentes opérations menées par les Turcs ou par les Anglais. Comparant les grands maîtres de la stratégie tels que Clausewitz ou Foch, Lawrence se fait expert dans l'art d'assaillir sans leur faire front les Ottomans, et de saboter minutieusement leurs lignes de communication et de chemin de fer.

On se plaît aussi à suivre Lawrence dans ses voyages : "lents" à dos de chameau, rapides lorsqu'il prend le navire pour aller prendre ses ordres à Suez, ou lorsqu'il circule en rolls blindée. En quelques années, il parcourt la Jordanie (Maan, Aqaba, Amman, Dana, Wadi Rum...), effectue de fréquents voyages au Caire, revient dans le Hedjaz, fait un détour par Djeddah avant de pousser son avancée jusqu'à Damas. J'ai été passablement surprise de sa connaissance extrêmement précise des peuples et des rivalités qui les opposent au Proche-Orient ; il nous décrit avec force détails les Druzes, les Yézidis, les Arméniens, les Syriaques et Levantins qui côtoient les Arabes ; critique sans cesse Français et Turcs tandis qu'il loue les instants partagés entre Anglais autour de ce qui lui apparaît à l'époque comme le summum du luxe : de l'earl grey, des corned beef en conserve et des biscuits secs.

Au-delà du récit de ses aventures et de ses connaissances géographiques et géopolitiques, Lawrence s'attarde également sur ses certitudes qui s'écroulent parfois ; il fait par moment étalage de sa culpabilité à mener ainsi des hommes par des promesses qu'il sait vaines ; sa quête spirituelle et les violences physiques et mentales auxquelles il est soumis font également de ce récit une sorte d'auto-confession, voire d'expiation.

Profondément intéressant, cet ouvrage est selon moi clef pour mieux comprendre une partie de la Première Guerre mondiale qui se déroula au Proche-Orient, et dont les traités qui suivirent (traité de Sèvre, traité de Lausanne...) définirent les frontières de cette région, dont on connaît les répercussions aujourd'hui. S'il est vrai qu'il comporte certaines longueurs, je ne l'en ai pas moins trouvé fascinant.
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