Vert-de-Lierre

Clairement pas le coup de coeur attendu. Quand je lis qu'il reprend tous les topoï de la littérature gothique, j'ai envie de dire que t'as beau l'habiller en littéraire, un topos c'est un cliché. Plus exactement, un topos littéraire le devient par la force narrative qui était la sienne dans le roman d'origine : un topos, c'est d'abord quelque chose de totalement inédit, mais qui fait mouche. Quand on en tartine des couches juste parce que ça fait référence à des trucs qui nous ont plu, ça fait un collier de clichés.

Pour moi, le roman de Louise le Bars est couturé de poncifs. Les personnages sont tous des caricatures, l'enchaînement des péripéties est à l'avenant. Quand, à l'apex des événements, l'héroïne évoque ses ancêtres sorciers et le grand pouvoir qui était le leur, j'ai carrément roulé des yeux. le style, pourtant joli, devient boursouflé dans ce dernier chapitre. Je rejoins d'ailleurs l'avis de Lilmoon ici même, selon qui tous les récits qui composent cette histoire sont écrits de la même façon, ce qui fait que si la situation d'énonciation n'était pas claire, on ne pourrait pas déterminer qui raconte quoi.

C'est dommage, j'étais plutôt hypée, tant par les chroniques que par le début du roman, plutôt délicat et intrigant. Mais force est de constater que tout cela s'est dilué dans des récits à rallonge : ceux d'Olivier qui ne font pas avancer l'histoire, et ceux de Rose qui enchaînent les lieux communs avec un détachement qui ne permet pas de vraiment saisir l'ampleur de ses émotions.

Un écrivain de polar se planque à la campagne dans l'espoir de trouver l'inspiration en puisant dans un conte local que lui racontait sa grand-mère, l'histoire du Vert-de-Lierre, croque-mitaine des jardins et des forêts.

Ce roman ne m'a pas convaincu, et je pense que les raisons sont multiples (et tiennent autant à moi qu'au texte lui-même).

C'est un conte gothique, mâtiné d'horreur fantastique. Et l'horreur, notamment en littérature, j'y suis assez peu sensible. Pas de frisson ni de fascination pour moi au cours de cette lecture (contrairement au dérangeant Apostasie, par exemple). La mythologie du Vert-de-Lierre, faisant une belle place au paganisme, n'est pas dénuée d'intérêt, mais sa mise en scène ne m'a pas touché. De plus, l'histoire devient assez vite une histoire d'amour, une passion dévorante, basée sur le mystère. Or, la romance n'est pas mon style de prédilection. Et puis, faire du mystère, la base d'une relation, ça me laisse parfaitement de marbre.

Par ailleurs, je me rends compte que je suis aussi assez sévère avec les romans où la littérature tient une place importante. Parler de roman dans un roman, ça me donne l'impression de me regarder le nombril. Je trouve ça au mieux sans intérêt, au pire désagréable. Un personnage principal écrivain et un personnage secondaire se piquant d'écriture, cela n'avait donc rien pour me plaire. [...]

De plus, le récit se compose de deux blocs distincts : le journal de l'écrivain et le roman de la jeune inconnue. Malheureusement, ces deux parties sont écrites de la même manière, avec le même style d'écriture. J'aurais préféré que chacun ait un langage qui lui soit propre. [...]