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Critique de Wictoriane


France. 1876. Pointe du Raz. Goulven Dénès, le gardien du phare de Gorlébella, a rédigé son crime sur ses feuilles de relevés : les conséquences de son amour fou pour sa femme, l'audacieuse et infidèle Adèle Lézurec.

Mon avis
Quel bonheur d'être tombée, comme par hasard, sur ce Gardien du feu en parcourant les étagères poussiéreuses de la bibliothèque abandonnée de la maison de famille de mon époux, étant en manque de lecture (je n'avais pas prévu assez de combustible à mon propre feu de lectrice). C'est donc par curiosité, puis intérêt que j'ai abordé cet étrange gardien tourmenté, par la solitude, l'amour, la passion dévorante du désespoir. Car comment résister à l'appel de cette pure détresse, savamment construite.
"A l'entour s'étend le sinistre paysage que vous savez, un dos de promontoire nu et comme rongé de lèpre, troué ça et là par des roches coupantes, de monstrueuses vertèbres de granit."

Nous commençons le récit par la découverte post-drame du récit que laisse le narrateur : il y raconte avec une précision de naturaliste, ses émotions, ses dévotions, et la fin de ses illusions. Goulven tombe amoureux de la solaire Adèle :
"Je suivis des yeux, jusqu'à ce qu'elles se fussent effacées dans l'éloignement du mail, la blancheur claire de sa cornette à deux pointes et la nuance gris-perle de son grand châle à franges, qui tombait de ses épaules à ses talons comme les ailes repliées d'un goéland. (p.16)

Mais Adèle s'ennuie durant le mois où son mari est en poste de garde sur le récif de Gorlébella et bientôt, à la faveur d'un retour dans son pays, elle rencontre un homme qu'elle fait engager au phare et dont elle devient la maîtresse en l'absence de Goulven , c'est du moins la version que Thumette Chevanton, l'épouse du troisième gardien, finit par dévoiler à l'infortuné mari.
"J'avais en ma femme une confiance aveugle. Je l'aimais d'un amour si fort et si compact que la dent du soupçon se fût brisée à vouloir y mordre. (p.87)"

Quand Goulven apprend son infortune, devant des preuves affolantes qui lui brisent le coeur et font rugir son entendement, il en devient fou et décide de se venger des traîtres.
"Mon âme entière était comme une terre veuve, comme un pays rasé. Oui, oui, la "peste noire" avait magnifiquement accompli son oeuvre ; la trombe mauvaise n'avait rien laissé debout. moissons dorées des chers souvenirs, sèves tenaces des longs espoirs, doux logis de paix, de tiédeur et d'amour, tout était fauché, broyé, anéanti. (p.167)"

Il ne lui reste plus qu'à entreprendre un dernier voyage : la randonnée de l'âme défunte. Chut ! je n'en dirai pas plus sur ce merveilleux livre, sauvage comme l'océan.

Mais une dernière question flotte... Adèle et Hervé étaient-ils réellement amants ?

Une pensée pour les romans victoriens, et en particulier pour Henry James dont j'ai lu il y a quelques temps le Tour d'écrou sans être franchement emballée. Et bien dans le gardien du feu, je dis chapeau à la construction, à l'atmosphère, à tous les détails qui nous portent peu à peu dans la folie meurtrière de Goulven, cela s'appelle la Classe !






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