L'épouvantail qui voulait voyager

Pour mon deux centième billet, j'ai décidé de critiquer un album jeunesse pour lequel j'ai eu un vrai coup de coeur il y a maintenant de nombreuses années, et qui ne comptabilise, étonnamment, que cinq critiques.
Relu cette semaine, cette lecture offerte a été un beau moment de partage avec mes élèves de CE2 qui ont pu s'émouvoir de l'histoire, apprécier la beauté du texte, ressentir la douceur des illustrations et saisir le joli message sur l'amitié, l'empathie, la générosité qui n'attend pas de retour.

C'est également pour les enfants l'occasion de comprendre qu'à travers l'histoire de l'épouvantail, c'est aussi notre histoire qui nous est racontée. Notre destin n'est pas tracé d'avance, le rêve peut devenir réalité, l'espoir peut l'emporter et rendre possible ce qui jusque là était impensable.

J'ai également trouvé pour les plus grands une réflexion très intéressante sur la vieillesse et le temps qui passe.

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Un vieil épouvantail tout dépenaillé pleure, seul, dans un champ qu'il a défendu pendant de nombreuses années contre les attaques des oiseaux. Les mauvaises herbes ont envahi les anciennes cultures et lui se sent misérable, abandonné et bien inutile, maintenant que le champ a été mis en jachère et que, depuis bien longtemps, les oiseaux ne le craignent plus.

« de vraies larmes !
Des salées, des rondes, qui coulent sur son visage rouillé,
qui évitent ses dents en assiettes ébréchées.
Ce sont les larmes d'un humain,
ni celles d'un épouvantail, ni celles d'un gros pantin.
Et ses lamentations sont celles d'un malheureux :
— Je suis si vieux, si vieux… »

Le choix du cadrage et des couleurs créent une ambiance de solitude, d'isolement, d'abandon accentuée par le ciel orageux, sombre et l'immensité du champ, l'épouvantail apparaissant abandonné de tous.

« Éloigner les oiseaux, les faire déguerpir, je n'ai jamais rien fait de mieux.
Mais à jouer les sentinelles,
A défendre cette parcelle
je n'ai pas réussi à me faire un ami !
Un inutile, voilà ce que je suis.
Je me sens si seul et j'ai si peur de n'avoir rien de ma vie. »

Son désir le plus cher est de quitter son champ, découvrir le monde derrière la colline et se faire des amis.

« Emmenez-moi !
Pas pour voir la mer ou la muraille de Chine,
pas visiter l'Afrique,
simplement de l'autre côté de ces collines,
ce serait magnifique!
Emmenez-moi ! »

La magie des albums pour enfants rend cet homme fait de tissus, de métal et de paille tout de suite humain et sympathique. La peine se lit dans le regard des enfants qui aimeraient l'aider à réaliser son rêve.
Et puis, d'autres émotions vont tout à tour se succéder : l'attendrissement, l'envie que tout s'arrange, l'étonnement, la tension qui se relâche, le ravissement, et la joie que tout finisse bien pour cet épouvantail bien sympathique.

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Ce magnifique album est le résultat d'une symbiose parfaite entre le texte, poétique, émouvant, et des illustrations qui se déploient sur toutes les doubles-pages, laissant fleurir de belles émotions. Les pages se tournent et dévoilent, à chaque fois, des scènes tout aussi surprenantes que magiques.

Il se dégage beaucoup de poésie et de douceur grâce à l'utilisation de la peinture à l'huile.
Le choix des couleurs met en lumière le changement d'atmosphère tout au long de l'histoire. Plutôt sombres et froides, les illustrations se colorent au fil de la lecture, de nuances lumineuses et chaudes.

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Pour conclure, « L'épouvantail qui voulait voyager » est une merveilleuse invitation au voyage, à l'amitié, à la solidarité et à l'amour.
Hubert Ben Kemoun et Hervé le Goff ont mis tout leur talent pour nous offrir un album de très grande qualité, pour un vrai plaisir de lecture. La justesse et la beauté de l'écriture s'allient à de magnifiques tableaux, nous faisant voyager et rêver.
Je vous recommande ce bel album, un très beau moment de poésie et de sérénité.

« Un « toujours » qui mesure plus que l'éternité. »

Véritable coup de coeur pour cet album que j'ai trouvé d'une beauté ! Un vieil épouvantail est seul au milieu des champs remplis de mauvaises herbes. Avant il effrayait les oiseaux mais il est là depuis trop longtemps et n'effraie plus personne. Triste, il se sent inutile et demande à ces oiseaux qui se posent désormais sur lui, ses amis, de le faire voyager, de le porter très loin d'ici. Alors avec l'aide de milliers d'oiseaux il est transporté dans d'autres contrées et va y trouver ... Un bonheur inattendu.
Les mots sont très bien trouvés, le tout est très musical, très poétique. Les illustrations sont parfaites avec de jolies couleurs pour le ciel (dans les violets et roses) et quand l'épouvantail se fait transporter par les oiseaux le dessin est juste parfait.
Un album magique.

Cet album, comme beaucoup d'album du Père Castor a des illustrations splendides : c'est un vrai régal pour les yeux. Les couleurs sont douces, le trait donne une impression de mouvement... on vit toute l'histoire à travers la beauté de ce livre. le texte est très bien écrit, la plume est poétique et imagée. Notre épouvantail se sent si inutile, lui qui effrayait autant les oiseaux, se retrouve à les admirer, en révant de pouvoir comme eux, voyager !

Je ne peux pas vous en dire plus sans vous spoiler. Je ne veux pas vous raconter la chute de l'histoire. La morale de ce joli album est fédératrice : peu importe ces rêves, avec un peu d'aide on peut toujours les atteindre. Un beau message de solidarité et d'entraide !
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