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Citations sur Lame de fond (19)

Ma tâche de correcteur, qui me permettait de subsister et que je prenais très à cœur les premiers temps, au lieu de développer ma mémoire, a entraîné son altération. Les manuscrits et les épreuves qui étaient mon labeur quotidien ont contribué à modifier mon caractère, de plus en plus pointu, alors même que ma sûreté dans l'observation des règles de grammaire s'avérait chaque jour déplorablement défaillante. J'étais moins attentif aux impropriétés, aux solécismes, aux licences poétiques boiteuses. Je laissais passer des coquilles et des doublons. Les éditeurs qui m'appointaient n'y avaient pas fait attention, avaient continué à m'expédier des copies et, comme les petites mains des ateliers de couture, je les avais ornées de mes retouches, sans trop de cœur à l'ouvrage. À mes débuts, j'étais un ayatollah du purisme, je ne tolérais ni les anglicismes, ni les à-peu-près, ni l'abus de néologismes, ni les incorrections sous prétexte de modernisme. Je criais au scandale quand un auteur ne se pliait pas à la discipline de la syntaxe, ponctuait n'importe comment, s'autorisait des métaphores prétendument hardies mais incohérentes. Je biffais et redressais les phrases quand les pronoms relatifs se suivaient à la file. Puis, peu à peu, j'avais cochonné ma besogne. Je faisais tout en quatrième vitesse, ne m'abîmais plus la vue en veillant jusqu'à point d'heure pour soigner chaque détail. La plupart des récits que je corrigeais, indigestes, ne valaient pas la peine d'être améliorés, mais de temps à autre j'avais droit à des pages sapides, comme des oranges gorgées de soleil. J'étais à mon affaire lorsqu'un modèle de concision abrégeait, condensait ses périodes, ou bien lorsqu'un texte débordait de termes rares, d'argotismes obsolètes.
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Je n’ai jamais été bavard de mon vivant. Maintenant que je suis dans un cercueil, j’ai toute latitude de soliloquer.
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Le lit conjugual est un tombeau, et le mariage une concession à perpétuité.
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Je laisse derrière moi trois femmes auprès de qui j'ai appris la signification du mot AMOUR, amour conjugal, amour paternel, amour défendu, trois femmes que je n'ai probablement pas su aimer comme il fallait, puisque ce que je prodiguais à l'une, je le retirais à l'autre...
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Je n'ai donc plus qu'à me taire, à me réciter, en guise d'épitaphe, ces vers : Je veux jusqu'à ma tombe qu'on me calomnie/ Je veux qu'après ma tombe encore on me nie, ou à me persuader que je n'errerai pas aux enfers comme un damné toujours perdu entre l'Orient et l'Occident.
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Elle ne sait pas que j'ai passé une partie de la nuit et de la matinée à gribouiller dans mon calepin et que j'étais claquée à cause de ça. A moins que ce ne soit parce que je subis le contrecoup des derniers jours, où j'ai été paumée, où tout me rappelait que jamais plus Van ne me projetterait des films, ne me réciterait des ballades de Villon, ne me ferait râler en corrigeant mes fautes de français, ne me ferait découvrir des installations de vidéastes, ne rentrerait les bras chargés de bouquins achetés à la Foire du Livre ancien, ne partirait avec nous dans l'arrière-pays provençal, n'aurait avec Hugues et Rachid des discussions sur les hyperréalistes américains ou les cinéastes iraniens, ne viderait une bouteille de bordeaux en retardant le moment d'aller au charbon [...] (pp. 217-218)
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Maintenant que Van est dans la tombe, je voudrais tellement, si son esprit hante notre maison, qu'il accorde à Lou son pardon, qu'il ait des motifs d'être content de moi, qu'il veille sur nous et qu'il chasse les mauvaises ondes. Je voudrais tellement ne plus être cette âme en peine qui se trimballe d'une pièce à l'autre en ayant le cœur serré par un horrible sentiment de vide.
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[…] le cinéphile, fervent de Murnau et de Dreyer, mais aussi d’Eustache et de Cassavetes, de Kiarostami et de Sokourov (que de dimanches passés à revoir leurs films !), le citoyen de l’univers dénué d’idées préconçues (gloire aux traducteurs qui m’avaient délivré des visas pour les antipodes), [...]
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p. 55
Lou :
Hugues m'a dit que je devrais écrire ma confession, cela allégerait ma culpabilité. je n'ai pas coutume de m'ausculter mais je vais suivre ces conseils, même si je ne fais que barbouiller du papier, même si mes redites ne mènent à rien.
Mon avocat voudrait défendre la thèse de l'accident. Je n'ai pas tué mon mari délibérément.... Je ne sais pas comment maître Dieuleveut assurera ma défense, mais je dois m'en tenir à ses instructions, pour ne pas risquer la prison...
A genoux près du cadavre de Van, mon mari depuis vingt ans, j'étais éperdue, je ne mesurais pas toute l'étendue du désastre : je l'avais renversé, à sa vue j'avais appuyé sur le champignon. Pourquoi cette fureur soudaine ?
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Je n'étais pas inflammable, et j'aurais été très surpris si l'on m'avait dit que mon cœur allait s'embraser.
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