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Critique de Melopee


Quel plaisir de retrouver la plume de Linda Lê ! Après le complexe de Caliban et A l'enfant que je n'aurai pas, c'est son tout dernier, Lame de fond, qui m'a accompagné ces quelques jours.

Que ce soit un mort qui raconte son histoire m'a tout de suite semblé intéressant et intrigant. le récit est en fait choral car il alterne les voix de van (le père de famille), Lou (sa femme), Laure (leur fille) et Ulma (la maîtresse). van débute la prise de parole avec ce qui semble être une confession, celle de sa vie qui n'a pas été rectiligne et ni même tournée vers un même but, la justice. Fils d'un père vietnamien, c'est un déraciné qui a appris le français en s'installant dans sa jeunesse en France, grâce aux sacrifices de sa mère. Il y a trouvé une terre d'adoption accueillante où la culture s'est mêlée à son métier puisqu'il est devenu correcteur (ironie pour un expatrié). de sa rencontre avec Lou, s'est fondée une relation forte bâtie sur un mariage et la naissance de leur fille unique, choyée et portée à devenir une brillante jeune femme.
En somme, la relation familiale est on ne peut classique avec un duo de parents présent et avec leur progéniture, parfois très en rébellion. L'élément déclencheur qui fait basculer tout l'équilibre patiemment établi, c'est Ulma, l'intruse qui était bien là à l'enterrement. Quelle est son implication dans le malheur survenu? Quel lien entretenait-elle avec Van?
Le mystère ne demeure pas longtemps car on apprend que c'est Lou qui a renversé Van, de son plein gré et par jalousie fomentée dans le temps. le nerf du problème n'est donc pas de savoir qui a fait cela mais plutôt pourquoi et comment l'acte dramatique a-t-il pu avoir eu lieu.
Même si l'homme n'est plus, il a toujours voix au chapitre, entouré de ses trois femmes essentielles de son vivant. Car à l'heure où il faut aller de l'avant, chacun s'appesantit et prend sa part de faute et de culpabilité.
Je crois que ça ne se commande pas mais je suis extrêmement sensible au style de Linda Lê. Son ton n'est pas au jugement mais à l'expiation par la parole. Et elle raconte si bien !

Je la relirai car certains passages m'ont bouleversée comme celui-ci où la fille part d'un fait pour offrir une série de négations de tout ce que son père ne fera plus avec elle. Je me suis arrêtée en cours de page mais ça se poursuit encore et encore et c'en est obsédant. Quelque part, ça prend aux tripes !

Il y a les histoires d'amour, celles qui durent et celles qui, éphémères, peuvent tout briser. Ici tout y est et le quatuor infernal pourrait bien arriver à sa perte avec l'éviction du seul homme. Cela reste à voir et, seule certitude, c'est ingénieusement mené !

Linda Lê, une auteur à retenir ! La rentrée littéraire de septembre recèle bien des perles, preuve en est.
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