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EAN : 9782267017588
179 pages
Christian Bourgois Editeur (04/03/2005)
4.33/5   9 notes
Résumé :

Lire, c'est être lu par ce que nous lisons. La lecture est le temps dérobé à la mort. Le livre peut être le compagnon le plus secret, celui qui a des pouvoirs démiurgiques. Des lectures d'enfance aux œuvres qui ont fait de l'auteur de cet essai celle qu'elle est, Le Complexe de Caliban retrace un parcours où le Je me souviens nostalgique est une manière d'être au monde. Interrogation sur la langue, sur l'i... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Cet essai littéraire a pour axes les préoccupations majeures de Linda Lê : l'exil, la mort et le suicide. Il témoigne d'une démarche artistique et spirituelle exigeante et prend appui dans le cheminement de sa réflexion sur les plus grands auteurs : Hölderlin, Artaud, Dagerman, Sa-Carneiro, Hugo, Shakespeare, Stvetaïeva, Cioran, Melville et une quantité d'autres.
C'est d'ailleurs le reproche, s'il fallait absolument en faire un, que je ferais à ce livre : il est très érudit et saute un peu trop d'un auteur à l'autre, d'une référence à l'autre : l'abondance des sources finit par étouffer le parcours personnel de l'auteur ; en tous cas mes connaissances littéraires ne sont pas suffisamment étendues pour que je ne me sois pas parfois sentie noyée dans ce gisement bibliographique.
Ouvrage trop foisonnant, donc. A moins qu'on ne se décide à le prendre comme méthode travail. Là, c'est sûr, on ne sera pas volé, car il est très riche.
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Si pour Linda Lê « Cioran était l'être le plus accueillant qu'il m'eût été donné de connaître », ce court texte « Pour saluer Cioran » ainsi que les remarques clairsemées dans les autres chapitres, constituent pour moi la plus synthétique et pertinente des présentations de celui qui n'a jamais cessé de s'interroger : « à quoi bon avoir quitté Coasta Boacii ? ». J'aurais cependant tort de ne retenir de cet ouvrage dense et nourrissant, unique parmi les livres sur des livres, que le portrait du métèque. L'écrivaine nous offre généreusement une « liste d'envies » essentielles que nous devrions consulter et suivre en lecteurs reconnaissants. Elle aborde surtout les grands classiques, à commencer par Shakespeare, imaginant un écrivain qui réunirait les pouvoirs de deux personnages de la Tempête, Ariel et Caliban.
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Linda Lê est une dévoreuse de livres. Roman, théâtre, philo, rien ne semble sortir du cadre de ses curiosités tant qu'il s'agit de mots. Érudite à juste dose, de cette érudition affamée, chaleureuse et constamment remise en question, elle nous parle de Victor Hugo, de Lautréamont, de Fernando Pessoa, de Joseph Conrad… Les écrivains et leurs personnages – quasiment considérés au même niveau d'existence – sont ses compagnons de routes, la Babel des mots est son refuge.

Elle invite et fait dialoguer les auteurs entre eux. On se perd un peu mais quel plaisir tout de même que de suivre ces échanges improvisés. Évidemment, quand je lis des phrases comme : “ Et la poésie de Dickinson, roman d'une âme en incandescence, se lit aussi comme une maïeutique par laquelle les variations sur la solitude donnent naissance à une pensée élégiaque” (144), je suis perdue. Mais elle aborde tous ces auteurs avec tant de naturel qu'on a envie de se ruer sur leurs livres. Il y a des pages superbes sur Cioran (que je n'ai jamais abordé). Fascinant pour moi qui ne possède pas ces capacités d'analyse.

Linda Lê discute avec les écrivains pour mieux nous parler d'écriture. Les quelques chapitres qui abordent cette question sont passionnants par leur mise en abîme, leur plongée aux tréfonds de l'être, leur analyse du passage de l'indicible à la parole écrite. L'écriture comme ébullition, éruption organique.

Puissant, noueux comme un chêne. Un livre de chevet.
Lien : http://versautrechose.fr/blo..
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Ma résolution de devenir écrivain s'affermit en lisant les grands auteurs – Flaubert, Dostoïevski, Shakespeare – l'un après l'autre. Mais je commençais à ressentir profondément ma différence. Auparavant, j'étais une Vietnamienne qui parlait mal ma langue et avait la tête farcie de culture française. Maintenant, j'étais une étrangère qui aspirait à écrire aussi bien que l'indigène. Il y avait en moi une fêlure que j'essayais de comprendre en me tournant vers les écrivains qui ont trahi leur langue natale : Conrad le Polonais écrivant en anglais, Cioran le Roumain et Beckett l'Irlandais écrivant en français. Chacun, en investissant la langue qu'il a choisie, m'apparaissait à la fois comme un voleur et un donateur.

(p. 41)
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Je dois à Cioran l'orgueil d'être une métèque. J'avais dix-huit ans quand je le vis pour la première fois. Il me donna Les Confessions d'un mangeur d'opium anglais. Mais c'est d'un autre livre de Thomas de Quincey qu'il me parla : La Nonne militaire d'Espagne. Cette histoire échevelée d'une jeune Basque qui s'échappe d'un couvent et parcourt le monde en habit de garçon, trucidant de nombreux personnages sur son parcours, avait de quoi exalter l'imagination de celui qui aimait les héroïnes qui ne sont pas d'ici. À lire Cioran on se figure un misanthrope, qui se défend de toute intrusion, se retranche derrière ses syllogismes pour écarter les importuns. Or, Cioran était l'être le plus accueillant qu'il m'eût été donné de connaître. Il m'avait encouragé à écrire, alors que lui-même comparait le roman à une tragédie au rabais.

(p. 47)
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"Tout comme j'ai accordé l'éloquence aux exilés et endeuillés, j'ai doté de vocables les fous et j'ai laissé parler l'insensée en moi. La folie est sœur de la douleur. Les hallucinés, dans leurs imprécations et leurs divagations, disent la vérité sur le monde. Ce sont des visionnaires. En eux se manifestent la part de nous qui voit la vie telle qu'elle est, absurde et impitoyable. En eux survit notre innocence. En eux se disputent l'horreur et le rire. Ils vendent la tragédie pour une chanson. Ils nous enseignent la liberté de changer le malheur en farce. Quand l'exilé et l'endeuillé sont pétris du sérieux de leur condition, le fou balaie le drame d'un rire homérique. En tout écrivain s'agite un fou qui ne le laisse pas en repos avant qu'il n'ait converti sa tragédie personnelle en fable universelle."
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L'oeuvre de Collins, si ensorcelante qu'elle semble née de la rencontre du Démon de la perversité et de l'Ange du bizarre, est toute entière marquée par le thème de la bâtardise et de l'imposture démasquée. Enfants de personne, rejetons d'une race tarée vouée à l'extinction, héritières dépouillées de leur fortune et dépossédées de leur nom, les héros déshérités de Collins font de leur honte une gloire.
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La première fois où je pénétrai dans la bibliothèque du lycée Claude Monet, perché sur les hauteurs du Havre, et que je pus caresser du doigt les livres, alignés tels les soldats d’une armée morte qui attendaient de révéler leur secret, je me sentis riche de toutes les possibilités. (35)
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