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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Édité en janvier 2010 chez Albin Michel, « The boat » est, disons-le tout net, une pépite. Devant cet ouvrage de 351 pages écrit par Nam LE, brillantissime écrivain d'origine Vietnamienne, les critiques ne tarissent plus d'éloges : « Nam LE vous brisera le coeur et vous ne l'oublierez pas de sitôt » (Junot Diaz) ; « Un formidable éventail de mondes imaginés » (Washington Post) ; un livre « à couper le souffle, émouvant, bouleversant » (William Boyd).

De quoi s'agit-il ? La couverture laisse à penser que les boat people constituent le coeur de l'ouvrage. En fait, il n'en est rien car « The boat » est un recueil de 7 nouvelles dont, seule, la 7ème a trait aux boat people. Les autres nouvelles emmènent le lecteur aux quatre coins de la planète. Jugez plutôt. La 1ère nouvelle, « Iowa City » est centrée sur un personnage principal, qui curieusement porte le même nom que l'auteur, Nam LE : est-ce une autobiographie ou une fiction romancée ? L'auteur oblige le lecteur à se poser des questions sur la relation entre autobiographie et fiction : « I wanted to show up the inherent impurity of story, to dissociate authority from presumed authenticity ». La 2ème nouvelle, « Meeting Elise » met en scène Élise, une très jeune violoncelliste, un prodige qui est la fille du narrateur, lequel lui voue un amour impossible depuis la séparation assez peu amiable d'avec sa femme : fascination pour l'enfant et désarroi devant les vicissitudes de la vie, avec un rôle prépondérant donné à l'image d'autrui. Dans « Cartagena », la 3ème nouvelle, le rôle de la voix est essentiel. Avec « Hiroshima » (cf. ma citation), tout est en négatif, pour reprendre un terme usité en photographie car l'auteur veut montrer ce qu'il y a derrière cette tragédie historique dont nous connaissons tous l'origine et l'ampleur. Dans « Tehran Calling », Nam LE nous propose un personnage central, son amie, une mission bien particulière, une culture et une géographie singulières, bref un mélange quasiment impossible. Avec la 6ème nouvelle, « Halflead Bay », c'est l'adolescence qui est à l'honneur, avec son énergie débordante et sa complexité, avec en toile de fond une famille, des amitiés éprouvées ou naissantes et le côté sauvage de la vie urbaine. Enfin, dans la 7ème et dernière nouvelle, « The boat », l'auteur nous compte un peu de son histoire personnelle, lui qui est un déraciné et pour qui « home is where the heart is ».

Nam LE s'est beaucoup documenté ; pendant un an, il a voyagé de par le monde. Il s'est énormément investi dans ces 7 nouvelles, sa démarche consistant à concevoir chaque nouvelle comme un tout, complet et suffisant en soi : quatre ans de travail. Quand il voyageait, il voulait voir les choses, les lieux, les gens et les situations en se mettant à la place des personnages qu'il mettait en scène, ce qui donne un ton et une vérité incroyables à l'ensemble. Nam LE ayant toujours eu envie d'écrire de la poésie, c'est avec raffinement et subtilité qu'il décrit les choses et les gens. Quand on lui demandait pourquoi il avait précisément choisi ces lieux (l'Iowa, Carthagène, Hiroshima, Téhéran …), Nam LE répondait invariablement qu'il n'existe pas d'endroit au monde qui nous soit étranger, que la fiction peut nous faire paraître des choses familières comme très étranges, et réciproquement, et qu'au final c'est cette particularité qui est séduisante. Nam LE entre dans l'intimité des êtres et des choses, avec force détails et une empathie sans bornes : « voice, idiom, diction, all are functions of authenticity » ; « it's this idea of empathy that draws these stories to fix on different places, and situations, as well as characters –as sites of exploration for the question of what it means to be human ».

De la littérature ethnique ? Certains auraient peut-être souhaité que l' auteur se limite à aborder l'installation des Vietnamiens aux États-Unis, à décrire par le menu détail les coutumes, l'héritage familial, la gastronomie ou les expériences accumulées par les « boat people » et leurs descendants ! Cantonner Nam LE dans ce type de narration, sur fond de mode de vie ou de règles méconnus, mettant en scène des personnages inconsistants ou stéréotypés, idéalisant son passé (pour se justifier ?), voilà qui eût été incompréhensible ! « My relationship with Vietnam is complex. I'm a boatperson. I escaped from Vietnam with my family in 1979, when I was only 3 months old. I feel a responsibility to the subject matter. Having personal history with the a subject only complicates this –but not always, nor necessarily, in bad news.” Écrivant en termes bouddhistes de souffrance et d'acceptation, émaillant son texte de phrases en Vietnamien, Nam LE nous livre une pépite qui mérite amplement 5 étoiles. A lire, absolument.
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