Quelles que soient les religions, elles se sont montrées toutes hostiles à l'émancipation des femmes et apparaissent encore comme des vecteurs de leur infériorisation et de leur soumission aux autorités masculines.
Femme, cadre supérieur
"J'ai une amie qui me recadre souvent. Elle m'a dit: "ne le prend pas mal mais tu es plutôt masculine dans le fond." C'est une ineptie de qualifier de "masculin" des comportements volontaires et courageux. Quand une femme se sert de son cerveau, on la qualifie de "masculine": c'est un dressage débilitant et permanent perpétué aussi par les femmes. Quand je lui montre un sac-à-main qui me plaît, elle s'exclame: "Ha! Tu es très "fille" finalement!" Et cela a l'air de la rassurer. A chaque fois que j'ai un comportement stéréotypé "fille", j'ai une remarque de confirmation de ma féminité, un peu comme un "bon point" ou estampille: "vraie fille qualité traditionnelle".
Si les femmes n'ont généralement pas le même rapport à la puissance, au pouvoir et à l'ambition que les hommes, c'est parce qu'ils ne sont pas pour elles, qu'il serait contre nature de les obtenir et que si jamais elles y parvenaient, elles seraient alors en imposture. Le syndrome d'imposture arrive fréquemment dans les phases d'évolution et se manifeste par la crainte de ne pas être à la hauteur.
Tous les matins, chaque homme juif pratiquant doit prier, démontrer toute l'adoration qu'il lui voue et commencer par remercier Dieu de ne pas l'avoir fait femme.
Les femmes se font couper la parole par les hommes deux fois plus souvent que l'inverse.
Il n'est pas nécessaire de croire au pouvoir du remède pour guérir... Plus fort: "le lobépac". Le terme "lobépac" est l'anagramme du terme placebo. Il est vendu et prescrit en tant que placebo, c'est-à-dire que le patient est informé qu'il n'y a pas de principe actif dans le produit, sous forme rouge pour un effet tonique et bleu pour un effet calmant. Et il fonctionne! Étonnant, non?
Beaucoup d'hommes traitent les femmes avec respect mais certains manifestent des comportement ringards, je les ai appelé les "ringarbitudes". Ils prennent racine dans le terreau machiste et misogyne des "stéréobeaufs". Les stéréobeaufs sont des stéréotypes machistes.
La carence d'estime de soi produit un stress chronique. Les effets délétères du stress sur la santé, d'un point de vue physiologique comme psychologique, ne sont plus à démontrer. Les stéréotypes sexistes réduisent de façon chronique l'estime de soi des femmes. Cette infériorisation du féminin, c'est ce que Françoise Héritier nomme "la valence différentielle des sexes".
Des recherches sont en cours pour comprendre ce qui dégrade l'estime de soi des filles au moment de la puberté. L'hypothèse dominante porte sur la différence de valorisation entre les filles et les garçons. Les petites filles sont souvent valorisées sur leurs physique alors que les petits garçons le sont sur leurs performances. Ainsi se conforte le pouvoir d'action des façon. Alors que les jeunes filles sont valorisées sur leur conformité à un idéal de féminité qui propose davantage des postures et des attitudes de vulnérabilité et de séduction que de performance et de puissance.
La ringarbitude la plus fréquente consiste à faire des remarques sur le physique, les vêtements, le look des femmes, souvent sous forme de compliments, parfois sous forme de critique. Ces remarques sont déplacées, les femmes s'agacent de recevoir davantage de compliments sur leur joliesse que sur leur travail. Ce phénomène est vécu comme une forme de dévalorisation de leur qualité professionnelle.
La valorisation de l'apparence des femmes se fait bien souvent au détriment de la valeur de leur parole et de leurs compétences.