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Critique de gill


"La conspiration des milliardaires", paru initialement, en 1899 et 1900, sous l'apparence de huit petits volumes de colportage vendus quatre sous pièce, est le premier roman de Gustave le Rouge.
C'est à la fois un roman populaire et une anticipation scientifique.
Il est cosigné par Gustave Guitton.
William Boltyn est un de ces milliardaires qui avait fait, autrefois, en sabots, son entrée à Chicago.
Ayant eu l'idée d'une vaste spéculation, sur les bestiaux, qui devait l'enrichir, il devint "le roi de la viande" et n'avait plus guère de rivaux que ce Mackay qu'on surnommait " le pape de l'or" et Vanderbilt, "le roi des chemins de fer".
Entouré des dix plus grosses fortunes des États-Unis, il décida un jour de se lancer dans une lutte économique et militaire contre la vieille Europe afin d'assurer au capitalisme américain la suprématie dans le commerce mondial.
William Boltyn s'adjoint pour cela les services d'Hattison, le plus grand chimiste, le plus formidable ingénieur de toute l'Amérique et de tout l'Univers...
Un mariage est alors arrangé entre Aurora, la fille du milliardaire et le jeune Ned, le fils du brillant ingénieur...
En 1977, c'est dans l'excellente collection 10/18 que ce grand et long récit est repris en trois tomes dont aucun ne porte un sous-titre.
Ce premier volume est précédé d'une brillante préface qui aurait pu s'intituler :
"le roman populaire ne mérite pas toujours le mépris dont on l'accable".
Cette préface est signée Francis Lacassin.
Elle apporte un fin éclairage à la lecture du récit et présente un auteur si mal connu.
Gustave le Rouge est un auteur original, prolifique et atypique.
Ce premier roman, même s'il tombe dans certains travers du roman populaire, même s'il en respecte les conventions et les structures, s'avère être au final moderne et intelligent.
- Il exprime le conflit entre une science humaine, encadrée par une éthique, par des valeurs et une autre inféodée à l'argent et à l'industrie.
- il parle de l'affrontement entre l'intelligence et l'argent.
C'est une acerbe critique du capitalisme et de l'impérialisme des États-Unis d'Amérique.
Gustave le Rouge, en son temps, avait compris que la marche en avant de l'industrie était le plus inéxorable et le plus implacable des colonialismes.
L'auteur, parfois assez dur dans ses propos, dénonce aussi dans son récit la ségrégation exercée envers "le peuple noir" et le sort réservé au peuple indien par "ces marginaux et ces audacieux ayant déferlé sur ce nouveau continent" !
Le médecin et confident de Gustave le Rouge disait de lui qu'il avait lu des bibliothèques entières !
Quoiqu'il en soit, grâce à sa grande érudition, il émaille son récit d'une multitude de détails appartenant aux domaines les plus divers de la connaissance.
Chaque situation est prétexte à distiller discrètement un savoir mais aussi de belles et efficaces descriptions :
A l'occasion de la traversée de l'Atlantique, par exemple, Hattison et son fils Ned, frôlant les abysses, nous offrent une belle promenade au fond des mers...
Avec ce premier roman, "la conspiration des milliardaires", Gustave le Rouge s'annonce, non seulement comme un écrivain avec qui il faudra compter, mais aussi comme un précurseur dont les propos seront repris, au cours de ce vingtième siècle naissant, par toute une génération d'écrivain dont Jack London est peut-être le plus significatif....


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