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Critique de Faignan


"Juillet 1936 dans les casernes catalanes la mort bute sur les milices et le peuple compte ses armes..."
Ces paroles que tu pourras chercher camarade me revenaient sans cesse en tête alors que je lisais cette BD. Je ne te caches pas que si cette lecture m'a plu à ce point, c'est avant tout parce que son thème me parle. C'est sur un conseil anarchiste que je suis tombé dessus alors que je sortais de mon Master de sciences de l'éducation qui portait sur la représentation du conflit dans les manuels scolaires français.

La Guerre d'Espagne est un sujet passionnant, une histoire qui pourrait nous apprendre beaucoup, celle d'une République légalement et légitimement instituée renversée par un coup d'Etat militaire soutenu par les fascistes. Une Démocratie que les autres démocraties ont laissé tomber. Une République dans laquelle la CNT, syndicat anarchiste, était la principale composante politique avant de se faire trahir et écraser par l'organe local du Kommintern fort du soutien de l'URSS, seul grand pays à "aider" contre les nationalistes. Un conflit qui voit aussi, selon Pratt, la mort de Corto Maltese [un peu long comme introduction, je m'emporte.]

Parlons donc de cet ouvrage, il s'agit du parcours initiatique d'un jeune militant ordinaire dans des temps extraordinaires. Issus de la bourgeoisie française, il se lève contre la tradition familiale (représentée par sa mère pour le moins anticommuniste) et contre son milieu.

Le livre s'ouvre sur Guernica, la destruction de la ville par les nazis de la légion Condor (un don généreux d'Hitler lui permettant de tester ses troupes et son matériel), puis le tableau de Picasso exposé lors de l'expo universelle à Paris.
Cette construction vous place directement dans ce décalage entre l'effroi des basques sous les bombes et le dédain des parisiens. Léo, le personnage principal regarde la toile gigantesque et se dispute contre sa mère qui voit d'un bon oeil l'intervention franquiste contre la République. Tout est dit... cette tension va pousser le jeune militant à partir. A ce moment là, il est déjà ailleurs, la déchirure entre sa vie, sa copine et là bas ou la Révolution se joue l'mporte peu à peu. Il doit mettre en accord ses principes et sa vie, le logos et la praxis.

A partir de là, le livre rend compte de son parcours initiatique du jeune homme. Anarchiste il va partir rejoindre les colonne de la CNT sur les conseil de Victor Serge. Sur le chemin, il va rencontrer Saïd, un camarade algérien et traverser la frontière pour rencontrer la guerre, la Révolution, les désilusions, la mort et l'amour.

A travers son aventure, nous suivons la fin de la Révolution dans la guerre qui s'enlise. Les mesures progressistes de la CNT sont vite réduites par la prise de contrôle d'un gouvernement Républicain de moins en moins révolutionnaire. Puis, les nationalistes prennent le pouvoir et Franco qui n'était qu'un général insurgé parmi d'autres l'emporte...

Les dessins crayonnés de Vaccaro traduisent le désespoir de cette guerre, le crépusculed'une époque, la fin d'un rêve. Il rend compte de ces combattants sous-équipés ne tenant que par la force de leurs convictions. Il fait passer dans le dénuement des traits de crayons et des couleurs chaudes tout ce que raconte Orwell (combattant internationaliste au sein du Poum) dans Hommage à la Catalogne.

Ce n'est pas trahir l'intrigue que de dire que cette guerre fut perdu pour les Républicains, les socialistes, les basques, les catalans, les communistes, les anarchistes et les poumistes. Franco restera au pouvoir jusque dans les années 1970. Léo, comme de nombreux combattants républicains, s'engagera donc dans la Résistance contre les nazis et les fascistes...

Pour moi cette oeuvre rejoint les quelques fictions/témoignages emblématiques du conflit, Hommage à la Catalogne de Orwell, Pour qui sonne le glas d'Hémingway ou encore l'Espoir de Malraux. Histioriennement parlant, je ne peux que vous conseiller le Benassar.
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