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Citations sur Histoire du Languedoc (6)

La décadence économique, commune au Languedoc et à bien d’autres régions du sud de l’Europe, n’est pourtant ni fatale ni universelle. Dans l’Aquitaine moins développée, Toulouse, comme au XIXe siècle, marche à contre-courant de sa région, et donne depuis quarante ans l’exemple d’une éclatante fortune. Grande ville du Languedoc (155 000 habitants en 1911), elle est aussi en 1914 l’agglomération française la plus éloignée du front. Elle est donc choisie comme zone-refuge pour l’industrie de guerre (explosifs, aviation). Grâce à Latécoère, Daurat, Guillaumat, Mermoz, Saint-Exupéry, elle devient après 1919 la puissante cité française de l’aéronautique, tête de ligne de l’Atlantique-Sud et centre actif de production d’avions. En 1962Sud-Aviation, société nationale, venait en tête de la production européenne, grâce à la célèbreCaravelle. Quant à l’industrie chimique, fondée en 1924-1928 par l’État pour l’exploitation de brevets allemands dont les industriels français ne voulaient pas, elle détenait la première place en France pour l’azote industriel et ses sous-produits. L’énergie était fournie par les barrages des Pyrénées et du Massif central, et par le gaz de Saint-Marcet et de Lacq. Ainsi, les capitaux d’État, aidés par l’initiative locale, ont changé le destin de cette ville, que Basville en 1698, jugeait à jamais impropre au commerce et à l’industrie, en raison de « l’indolence espagnole » de ses habitants. L’évolution toulousaine a valeur d’exemple : dans le renouvellement des structures économiques, le fait urbain doit jouer un rôle aussi important que la reconversion agricole.

Dans cette perspective cependant, le Languedoc tout entier paraît bien placé. La construction d’un axe Rhône-Rhin, les techniques d’avant-garde (canalisation du Bas-Rhône, usines atomiques diverses, certes contestées), le tourisme enfin confèrent un avantage décisif à cette province voisine de la mer et d’un grand fleuve à vocation européenne.

L’implantation massive des« pieds-noirs »,de 1960, l’a bien montré : mer et autour soleil, au XXe siècle, peuvent être des motifs de peuplement plus importants que vigne et charbon.
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des prix du vin, après 1778, par une série de vendanges exceptionnelles en quantité comme en qualité. Sur le marché de Béziers, les prix sont bas en 1785. Le revenu viticole s’effondre. Les propriétaires sont obligés de faire valoir eux-mêmes pour diminuer les frais. La dépression gagne parfois l’industrie, notamment avec la crise qui frappe la draperie exporte vers le Levant.
La crise politique prend le relais. C’est d’abord la classique révolte nobiliaire et parlementaire. En 1788, le Parlement de Toulouse, flanqué de la Gour des Aides de Montpellier, prend fait et cause contre les réformes introduites par Brienne en matière de justice et de finances. Le Conseil d’État riposte en brisant en cinq « grands bailliages » le vaste ressort de la cour toulousaine. Les privilégiés volent au secours des nobles de robe, et la noblesse de Toulouse, illégalement réunie, proteste vigoureusement. En août 1788, Brienne tombe, le Parlement est triomphalement rétabli dans ses droits.
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Le pays cathare par excellence, c’est le Haut-Languedoc : dès 1165, la nouvelle Église est solidement établie à Toulouse, Albi, Agen, Pamiers, Carcassonne. Le rôle des villes, foyers de culture et d’échanges, est essentiel, et, par elles, l’hérésie se répand dans le plat pays. « Ainsi qu’un fruit gâté corrompt un autre fruit, et qu’il suffit d’un cochon ladre et galeux pour perdre tout le troupeau, ainsi devant l’exemple de Toulouse, les villes et châteaux du voisinage s’imprégnaient-ils de cette peste », note avec une haine clairvoyante Pierre de Vaux-Cernay (d’après Ph. Wolff). Parmi les pays les plus « infectés », on cite le Lauraguais, le Toulousain, l’Albigeois, le Cabardès, le Razès, les Corbières. Sauf à Béziers où les Trencavel, vicomtes de la cité, protègent l’hérésie, le Bas-Languedoc est peu atteint.
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Centre de la poésie occitane, le Languedoc est aussi l’un des principaux foyers de l’art roman : l’abbatiale de Moissac, consacrée en 1063, en est l’une des premières manifestations. De la mer à la montagne, les sanctuaires romans se répartissent le long de trois axes privilégiés. Ce sont d’abord les églises fortifiées du littoral : Agde, Maguelonne, Vic, Les Saintes-Maries. Par bien des traits, elles s’inspirent des fortifications d’Antioche et des châteaux des Croisés en Syrie, et elles témoignent des rapports suivis de la province avec l’Orient. Entre elles pourtant, que de nuances. Il y a loin de l’élégant vaisseau des Saintes-Maries au cube noir et austère de la cathédrale d’Agde.
Des édifices plus vastes jalonnent le chemin de Saint-Jacques : Saint-Gilles et son portail étrange, Notre-Dame-des-Tables à Montpellier, totalement détruite lors des guerres de religion, Saint-Guilhem-le-Désert, Saint-Sernin de Toulouse enfin, dont l’immense transept forme comme une seconde église perpendiculaire à la nef. L’autre route qui mène à Saint-Jacques, celle du nord du pays, est elle aussi bordée d’églises romanes. Elle passe à Notre-Dame du Puy, et, après d’innombrables églises dédiées à Sainte-Foy, elle rejoint Conques et Moissac, pour filer ensuite sur les cols du pays basque.
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Si les origines restent quelque peu mystérieuses, le contenu de la lyrique occitane, est, lui, nettement déterminé. C’est l’amour, le culte total, exclusif, adultère, voué par le poète à une femme, toujours mariée, et dont il dissimule jalousement le nom réel, grâce à un pseudonyme(senhal). Contrairement à une opinion souvent répandue, cette poésie courtoise n’a rien de commun avec une conception platonique de l’amour. L’hommage du poète s’adresse aussi au corps de la femme aimée, « corps bien fait, si tendre et lisse » (Bernard de Ventadour), « joli corps précieux » (Arnaud de Mareuil) : « Que dans les baisers et les sourires, je découvre son beau corps, et le contemple à la lumière de la lampe » (Arnaud Daniel). L’érotisme, qu’on rencontre chez les poètes de la grande époque occitane, s’atténue cependant beaucoup au XIIIe siècle, avec l’offensive catholique et la Croisade contre les Albigeois. La lyrique païenne du XIIe siècle fait place chez Guiraut Riquier, le « dernier troubadour », à un sentiment purement spirituel et désincarné envers la dame de ses pensées. Les chansons à la dame deviennent sans difficulté, dans ces conditions, des chansons à la Vierge Marie : tant l’amour terrestre, épuré, sublimé, est devenu proche de l’amour céleste.
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Paradoxalement, c’est dans une société apparemment désintégrée, où les liens personnels de dépendance et de vassalité ont remplacé l’obéissance de tous à un même État, que se produit le puissant essor économique et démographique du XIe siècle. En Languedoc comme ailleurs, il est clairement signifié par les grands défrichements. Dès 1050, en Haut-Languedoc, en Rouergue, les futaies séculaires tombent sous la hache des pionniers, et les grandes abbayes (Conques), les Hospitaliers concèdent sur leur emplacement dessauvetés où la liberté personnelle est promise aux colons volontaires. Dans le Bas-Languedoc, d’où la plupart des forêts, victimes des troupeaux, des incendies, et d’un climat trop sec, ont depuis longtemps disparu, c’est plutôt d’un « débroussaillement » qu’il s’agit.
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