Les Allemands avaient besoin d'un endroit secret - loin des triomphateurs de Versailles, des yeux, des espions et des dénonciateurs - pour continuer leurs expériences sur les armes chimiques, se préparer à rejouer la partie perdue.
Les Soviétiques avaient besoin de formules,de technologie, de méthodes d'application, de résultats, tableaux,rapports, d'une école pour leurs chercheurs.
Là, près du Fleuve, dans le débarras de l'Europe, les deux partenaires avaient trouvé ce qu'ils cherchaient : un endroit éloigné dans un environnement riche... où l'on pouvait tester l'action des produits sur différents théâtres d'opérations et en différentes saisons.
Kalitine savait que ce qu’il avait inventé, produit, n’étaient pas seulement des armes mortelles spécifiques, conditionnées dans des ampoules. Ce qu’il créait, c’était la peur. Il aimait cette pensée simple et paradoxale : le meilleur poison, c’est la peur. L’empoisonnement le plus réussi, c’est quand un homme s’empoisonne lui-même. Et ses créations à lui, Kalitine, n’étaient que des vecteurs , des semeurs de peur. Même le Débutant, si parfait soit-il. D’ailleurs, le Débutant était unique aussi dans cette autre compétence.