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EAN : 9782882507761
224 pages
Noir sur blanc (25/08/2022)
2.85/5   24 notes
Résumé :
Le Débutant, c’est le poison parfait : mortel, instantané, et surtout intraçable. Kalitine, le chimiste qui l’a fabriqué dans un institut secret d’Union soviétique, s’est enfui à l’Ouest au moment de l’effondrement du pays. Le roman raconte son enfance dans une ville secrète d’URSS, sa vocation précoce, son initiation auprès d’un oncle puissant et mystérieux, puis les années passées dans un laboratoire clandestin, dissimulé sur une île dans un grand fleuve…
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
J'avais été fascinée par la plume de Sergueï Lebedev avec : La limite de l'oubli, et c'est avec beaucoup de bonheur que je l'ai retrouvé aujourd'hui avec : le Débutant, dernier livre traduit de cet auteur.
Sergueï Lebedev fut soviétique avant de devenir russe, il n'avait que 10 ans au moment de l'effondrement de l'Union Soviétique. Mais cela lui permet de faire la jonction entre ces deux mondes, ces deux époques.Il explore à sa façon les secrets de l'histoire soviétique, ses failles et les impacts dans la Russie d'aujourd'hui.
Le débutant c'est l'histoire d'un poison ,d'une arme chimique conçue par un chimiste nommé : Kalitine.Pendant des années, il passe des années dans un laboratoire clandestin dissimulé sur l'île d'un grand fleuve en Union soviétique.
Certains passages font froid dans le dos, particulièrement la relation qu'entretient le chimiste et sa créature : l'arme chimique.
Le Mal est omniprésent dans le roman, il est total et dépourvu de toute moralité. On est hypnotisé par l'écriture de Lebedev et on suit" passionnément" l'aventure de ce chimiste qui fuit l'Union soviétique dans les années 90 pour s'installer en République Tchèque .
Le monde de l'espionnage , du contre-espionnage, des services secrets est admirablement bien évoqué notamment à travers le second personnage, un militaire: Cherchniov qui a les mains pleines de sang et doit retrouver Kalitine pour le tuer avec sa créature même : le débutant.

Un roman fascinant, troublant surtout qu'il traite de la mort donnée par empoisonnement et qui malheureusement est toujours d'actualité dans le monde Russe



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La New York Review of Books a qualifié Lebedev du « meilleur écrivain russe de la jeune génération ». Depuis ma lecture, le titre de Lebedev a reçu le prix Transfuge, décerné chaque année par le magazine culturel du même nom, espérons que ça lui apporte de la visibilité. Lebedev reste encore un auteur peu connu en France, et c'est avec grand intérêt que j'ai lu ce roman, non pas d'espionnage, mais qui soulève un pan de ce qui a longtemps été jalousement caché, les dessous des services secrets scientifique sous l'ère soviétique. Et pour cela, plongeons-nous dans le monde de ces scientifiques, qui représentait une part essentielle et sensible de cet étroit cercle d'initiés aux méthodes morbides de l'époque soviétique.

Si les gouvernants russes sont connus notamment pour leurs tentatives de meurtres et ses assassinats, à coups d'empoisonnement ni vu ni connu – enfin presque – de ceux qu'ils aimeraient faire taire, cela s'explique parce qu'elle a un passé bien chargé en la matière : les Soviétiques étaient déjà des experts dans la manipulation et l'emploi des toxines diverses et variées et la cause des maladies soudaines des opposants de tous poils. Retour à l'ère soviétique, donc, avec le savant qui a mis au point le poison parfait, qui n'est à l'évidence pas celui qu'utilise le gouvernement russe actuel. Vyrine A.V. a fui son pays après l'implosion de l'URSS et fait office désormais de cible vivante en tant que traître à la patrie. Afin de comprendre la position de notre fameux Vyrine, le texte effectue plusieurs flash-back sur son enfance et ses premiers pas au sein de l'institution.

Ce roman est à mi-chemin entre le roman d'espionnage, le motif du traître à la patrie est vieux comme le monde, le roman policier, avec une touche de fiction historique ou documentaire, qui ne manque pas de nous tenir en haleine. Dès l'incipit qui nous place face à un Vyrine mature et qui avoue s'être construit une nouvelle identité à coups de scalpels, Lebedev met en place une véritable chasse à l'homme : Vyrine est en fuite à l'étranger et activement recherché. Vyrine, c'est un repenti, pas de la mafia italienne, mais du système soviétique, le meilleur informateur qui soit sur le fonctionnement de cette véritable société dans la société, qu'étaient ces services secrets, et le traitement réservé à ses concitoyens.

Est-ce qu'il ne faut pas y voir aussi une critique de son pays, l'ancien comme le nouveau, à travers les références à ces « maîtres ès mensonges et réincarnations », celui qui explique aussi cette fin de non-recevoir administrée à son pays. L'absurdité de certaines situations, ce qui concerne en particulier la paranoïa de ces hauts gradés doutant de tout et de tous, enfermés dans un système qui a survécu à la chute de l'URSS, est délicieusement ironique. Lebedev se prend d'ailleurs à ce même jeu de la méfiance et de la paranoïa que ses personnages en omettant consciencieusement de nommer le pays dans lequel s'est réfugié le traître, mais que l'on arrive à décerner grâce aux indices qu'il laisse ici et là dans son récit : la paranoïa est de mise même avec le lecteur. Observation factuelle et critique acerbe de cette société soviétique, donc, qui a presque robotisé ses habitants – qui ne savaient même plus au fond pourquoi ils fêtaient Pâques dans un monde qui a tué son Dieu.

C'est un roman passionnant et à la fois effrayant : effrayant parce qu'on en a tous en tête des noms d'opposants russes soupçonnés d'avoir subi le même sort, Alexeï Navalny, Alexander Litvinenko, Sergueï Skripal, pour ceux que l'on connaît. C'est effrayant parce qu'en un certain sens le débutant est à sa manière dystopique, dans la mesure où le jour ou un dirigeant aura la main sur une telle substance, inodore, incolore, indétectable, les dictateurs auront une autoroute devant eux. Cette histoire de course-poursuite, car il y a alternance de chapitres entre la fuite de Vyrine et les espions qui tentent de retrouver sa trace, devient très vite palpitante, rien d'excessivement rébarbatif ni d'extravagant, le simple petit monde des services secrets soviétiques est suffisamment surréaliste en lui-même. La tension de cette poursuite se fait sentir avec la paranoïa grandissante et palpable de Vyrine, qui paraît malgré tout justifiée, l'homme étant parfaitement objectif sur les méthodes expéditives employées par les agents de son ancien pays.

C'est le récit d'un petit garçon qui s'est laissé prendre aux habits de lumière revêtus par un système qui a vite fait de méconnaître les siens, de bourreaux ordinaires attirés par l'odeur du sang, par la soif de pouvoir et de domination, eux-mêmes jouets d'un système bien plus grand qu'eux et qui les dépasse totalement, et qui de l'URSS n'a pas manqué de se transposer en Russie. En-tout-cas, un monde définitivement violent et schizophrénique, tout comme les personnages qui se cherchent encore dans le soviétisme disparu et cohabitent avec difficulté avec leur présent. Et avec la guerre en motif de fond à Grozny ou Damas, qui se rejoue sur les terrains de paintball. Une réalité des grands, de ceux qui sont dans le secret, vis à vis du monde que l'on voit, celui de tous les jours, où l'on fait semblant alors que le premier rien n'est factice : jeu, réalité, plus personne ne sait distinguer la réalité. Encore une fois, on retrouve des hommes incapables de s'adapter à la transition soviétique, lui le savant désavoué. On ressent cette fracture entre ancien et nouveau monde et avec en prime ce poison magique le débutant, capable d'effacer n'importe qui sans laisser la moindre trace derrière lui, un poison digne des plus grandes machinations du règne soviétique. Ni meilleur, ni pire que ses collègues, Vyrine, pure produit des services secrets soviétiques, est l'emblème du changement de régime, où les anciens favorisés deviennent parias.

J'ai beaucoup aimé ce roman qui nous plonge dans ce monde obscur qui existe et n'existe pas, qui n'a pas de nom, c'est aussi passionnant de découvrir les dessous des services secrets soviétiques au sein desquels l'utilisation de toxines mortelles pour effacer les gêneurs de la surface de la terre semble être une tradition qui se perpétue allègrement. Merci aux Éditions Noir sur Blanc de nous proposer la plume de Sergueï Lebedev, dont on pourra retrouver d'autres titres publiés antérieurement aux Éditions Verdier.















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Le Débutant n'est pas fait pour les lecteurs novices ou ceux à la recherche d'un roman d'espionnage, même s'il en utilise parfois les codes. L'écriture est remarquable mais difficile voire hermétique par moment, c'est un livre qui demande des efforts mais qui les récompense peu.

Trois protagonistes, un savant créateur de poisons, un agent chargé de le liquider et un prêtre au visage rongé. L'histoire se déroule sur plusieurs décennies dans le bloc de l'Est depuis le pacte germano-soviétique jusqu'à nos jours.

Plusieurs dimensions se superposent : la mise en oeuvre d'un centre de recherche secret dans un pays totalitaire, la science sans conscience qui autorise tout à l'imagination du chercheur y compris les produits les plus moralement injustifiables et l'envie irrépressible de les utiliser. Ainsi que la paranoïa qui en résulte dans un environnement rempli d'informateurs et de délateurs.

La partie la plus passionnante du roman porte sur la relation du créateur et de sa créature et de l'étrange attachement qui les unis. C'est un sentiment paternel plein d'admiration pour la créature qui confine à la folie. le créateur trahira son camp pour que sa créature continue à vivre. Pour cela il est pourchassé et doit être puni, un homme est à ses trousses mais lui-même doute et traine un lourd passé qu'il a de plus en plus de mal à assumer. Entre la proie et son chasseur se greffe un mystérieux prêtre dont le lecteur devra décider s'il est victime ou coupable.

Roman ardu mais qui fait réfléchir à défaut de passionner, la faute en revenant à de trop longs passages d'introspection qui apportent peu aux nombreux questionnements qui se suffisent à eux-mêmes.
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L'action se situe selon moi, ce n'est pas explicite dans le roman, vers 2008 ou 2010 en Tchéquie : des espions russes de l'ex-KGB sont à la poursuite d'un de leurs savants chimiste, spécialiste des poisons, enfui à "l'Ouest" avec ses secrets et notamment un poison le Débutant, qui tue sans laisser de traces. Roman très noir, quasiment désespéré, réflexion métaphysique sur la nature, sur le bien et le mal : les protagonists sont des monstres. le mal vient de l'humanité, évoluant dans une nature indifférente, mais qui garde les traces et les fantômes des victimes de nos atrocités. Malgré une progression narrative alambiquée, -j'ai dû feuilleter des pages antérieures pour retrouver un protagoniste précédemment décrit, ce qui complique la lecture-, on ne le lâche pas jusqu'au dénouement. Pour ma part, un auteur que je vais suivre.
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L'écriture est belle, l'histoire des personnages s'entremêle à la grande Histoire de l'URSS et ses zones d'ombres.
Les personnages sont complexes, la narration également. La traque permet d'évoquer le passé des personnages en présence, leur travail, leurs pensées, leurs rencontres, leurs liens familiaux, dans un contexte socio-politique tendu, où peur, méfiance et traitrise sont toujours présentes.
J'ai trouvé cela intéressant, mais parfois difficile à suivre, à démêler les personnages, le passé et le présent...
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critiques presse (1)
LeMonde
28 septembre 2022
Un chef-d’œuvre de poison, irrésistible, intraçable, idéal pour ces opérations énigmatiques qui, régulièrement, sidèrent les opinions occidentales.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Les Allemands avaient besoin d'un endroit secret - loin des triomphateurs de Versailles, des yeux, des espions et des dénonciateurs - pour continuer leurs expériences sur les armes chimiques, se préparer à rejouer la partie perdue.
Les Soviétiques avaient besoin de formules,de technologie, de méthodes d'application, de résultats, tableaux,rapports, d'une école pour leurs chercheurs.
Là, près du Fleuve, dans le débarras de l'Europe, les deux partenaires avaient trouvé ce qu'ils cherchaient : un endroit éloigné dans un environnement riche... où l'on pouvait tester l'action des produits sur différents théâtres d'opérations et en différentes saisons.
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Kalitine savait que ce qu’il avait inventé, produit, n’étaient pas seulement des armes mortelles spécifiques, conditionnées dans des ampoules. Ce qu’il créait, c’était la peur. Il aimait cette pensée simple et paradoxale : le meilleur poison, c’est la peur. L’empoisonnement le plus réussi, c’est quand un homme s’empoisonne lui-même. Et ses créations à lui, Kalitine, n’étaient que des vecteurs , des semeurs de peur. Même le Débutant, si parfait soit-il. D’ailleurs, le Débutant était unique aussi dans cette autre compétence.
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