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Critique de Lunalithe


Quelle claque que ce roman !
Je l'ai commencé sans trop d'attentes, ayant entendu des critiques négatives de la part de mes collègues, mais assez confiante quant à la plume de l'auteur, que j'avais découverte et aimé avec Malboire.
Ici, j'ai retrouvé le même sentiment de dépaysement que dans Malboire, cette impression d'arriver dans un monde totalement inconnu et pourtant proche de nous, très cohérent, extrêmement bien construit, que le lecteur découvrira petit à petit, parfois avec une très grande perplexité. On part d'une ville construite à l'intérieur d'un animal mort et monstrueusement gigantesque, que l'on peine à pouvoir se représenter. Passé le (long) moment où l'on essaie de se représenter la chose et comment des gens on pensé que c'était une bonne idée de construire une ville dans son corps, on découvre ensuite que cette bête, Ru, n'est peut être pas si morte que ça.
Le vocabulaire nécessairement organique lié à la vie dans Ru, prolonge l'expérience, et plonge définitivement le lecteur dans les entrailles de cette ville-corps. Ce postulat de départ, cette ville dans un être vivant inconcevable, pouvait déjà faire une super histoire. L'idée, bien que très très bizarre, est vraiment intéressante. Et pourtant, Camille Leboulanger ne s'arrête pas là, et y ajoute des personnages très humains, porteurs de réflexions universelles et de sentiments poignants, et des réflexions très actuelles. On trouve, pour ouvrir le roman et pour le conclure, "Y", dont la vie ne semble qu'une succession de peines, et qui ne peut que nous interroger sur le traitement infligés aux migrants. Agathe/Coré, dont la vie de jeune fille privilégié va prendre un virage drastique - et interroger le lecteur sur la force des engagements, mais aussi sur la violence, et les violences policières. Alvid et Sandro, couple marié qui se cherchent dans Ru, chacun emporté par des obsessions artistiques quasi surnaturels, inspirées par le gigantisme de la bête. Grosse réflexion sur la société également, sa construction, les inégalités, l'humanité et l'humilité.
J'ai retrouvé également dans ce récit un rythme souvent lent et contemplatif, qui peut parfois d'ailleurs être angoissant. Cette lenteur, cette "attente", fait briller par contraste le "Reflux Gastrique", dans une scène de manifestation en terrifiante apothéose, qui m'a collé des frissons et fait accéléré mon rythme cardiaque.
En bref, c'est une histoire extrêmement dense, très bien menée, riche et étrange, aussi dévastatrice et lente qu'un pas de la gigantesque Ru.
Une très grande réussite.
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