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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Tellement beau ! Tellement émouvant !
« Je suis née au creux des montagnes, là où le ciel change de couleur dans la courbure du vent. Derrière le vent, en contrebas de la colline, se dressait le minaret du village. À heures régulières, la voix du muezzin annonçait le nom des dernières victimes tombées sous les bombes. Étrangers à eux-mêmes, au milieu d'un champ de ruines, les coeurs trop lourds s'efforçaient de se décharger de l'horreur. Hier, des enfants étaient nés sans mère, d'autres tiraient désespérément sur le cordon, à contretemps des projectiles. Voilà qui aurait dû suffire à nous rendre fous ! »
Nine et sa mère Madame Plume ont fui la guerre, qu'en Algérie on nomme pudiquement les évènements. La femme et la petite fille partent très loin, dans le nord de la France pour construire une autre vie, pour oublier. Au chaud soleil de Kabylie a succédé le ciel gris et pluvieux.
Il faut réapprendre à vivre ou à survivre, dans le souvenir pour l'une, dans les interrogations pour l'autre.
Ce livre est un petit bijou de tendresse et de poésie. Un roman poignant, qui évoque avec subtilité et pudeur les destins brisés par l'exil.
L'écriture de Marie-Aimée Lebreton est splendide, pleine d'émotion. J'ai passé avec ce texte deux heures de pur bonheur littéraire.

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Une petite perle de poésie que ce livre ! Un court récit d'espoir sur l'exil et les blessures de l'enfance qui n'empêche pas la femme en quête d'identité de se reconstruire à l'aube de sa vie d'adulte sous les lumières de son pays et son enfance ...

Nine est née en Algérie et a vécu quelques mois dans un village de Kabylie dont la mère, Madame Plume, évoque à peine la vie. Très vite la fuite les a conduite dans le Nord de la France où Nine va faire l'apprentissage de la langue, la musique et la culture avec autant d'avidité qu'elle se heurte au mutisme de sa mère concernant cet amour si bref avec son père très vite fauché par la guerre ...

Loin d'être un récit de plus sur l'exil, ce livre parle d'une quête d'identité et des blessures qui peuvent être infligées pendant l'enfance. le manque, cette impression d'être en dehors, l'absence de paroles, souvenirs, informations sur ce père rêvé entaillent la jeune fille qui réagit par une soif de savoirs et de connaissances, une volonté de s'exprimer se libérer par l'apprentissage du piano dont le retour sur sa terre d'origine sera le point culminant d'un chemin de reconstruction. C'est un livre d'espoir avant tout qui montre que la reconstruction peut être possible.
Lien : http://depuislecadredemafene..
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Nine est née de l'amour entre une femme française et un Algérien. Rien de si original aujourd'hui mais en 1962 (date de naissance de l'auteure également), il y avait risque à être amoureuse d'un « Arabe », risque à être épris d'une « colon » (pas de féminin à ce mot, bizarrement) mais les deux amoureux ont mis un route un bébé que le papa ne connaîtra jamais, exécuté comme traître à la patrie par les soldats du cru,
Alors, Madame Plume, la maman, est partie avec sa fillette vers un pays de froid et de mélancolie, une ville du nord de la France où elle s'applique à faire de Nine une petite fille épanouie, entre leçons de piano, école et vie quasi fusionnelle entre les deux exilées, l'une accrochée à la hanche de l'autre,

Pourtant, Nine n'est pas heureuse, elle est amputée vive d'un père idéalisé parce que jamais connu, Alors le jour du concours de piano, elle s'effondre en un vertige qui va la laisser inerte plusieurs jours, Sa mère « se demandait si Nine ne souffrait pas d'un mauvais sort que lui auraient jeté les soldats, le choc provoqué par le bruit des kalachnikovs avait-il fait tomber sur son ventre arrondi tout le poids des ténèbres ? »

Roman de l'enfance abîmée, roman de l'exil, de la quête d'un passé enfoui dans la mémoire d'une mère mutique. Je crois que les mots « rapatriés » ou « Pieds-Noirs » ne sortent jamais sous la plume de l'auteure, comme s'ils étaient douloureux, réducteurs. Plume et Nine ont juste volé d'un continent à l'autre, dans un monde rêvé et poétique, parcouru d' un amour tendre et fort mais si désespérant du fait de l'Absent, Et l'on sait bien que Nine, dès qu'elle le pourra, ira chercher sur le sable chaud et dans l'air brûlant de l'Algérie le souvenir d'un père – fantôme. Elle renouera avec Fatma la douce qui a pris soin de sa mère, Il n'empêche qu'elle ne connaîtra jamais l'homme dans sa cabane en bois, jeté là par ses assassins,

Une belle plume, douce et poétique, sans aucun pathos, sans rancoeur, sans complaisance larmoyante pour le sort de tous ceux qui ont été victimes de cette guerre qu'on qualifiait à l'époque d'« événements », et de toutes les guerres, Seulement quelques mots qui sonnent juste et beau,
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Ce n'est pas au nombre de pages que l'on peut mesurer la puissance, le force et la beauté d'un texte. Car certains par l'écriture touchent, racontent, nous font vibrer et Cent sept ans en fait partie.

De sa Kabylie natale, Nine ne garde aucun souvenir. Son père a été tué là-bas alors que sa mère Madame Plume était enceinte d'elle. L'amour de ses parents dérangeait "il était algérien, Madame Plume était française" en ces temps de guerre. Puis sa mère a été contrainte de fuir, de s'exiler dans le nord de la France avec elle. Laisser le soleil, la douce Fatma pour un deux pièces dans une région inconnue. Nine réclame que sa mère lui raconte avant mais elle ne veut pas, veut balayer ces images. Et Nine rêve de ce père, de ce pays inconnu qui font partie d'elle. Toujours de ne pas dire l'Algérie, taire ses origines comme si elles étaient honteuses.Un quotidien rapidement marqué par les exercices de piano. Madame Plume a décidé pour Nine qu'elle en jouera et qu'elle fera même sa profession. Comment ne pas réveiller chez sa mère les douleurs tout en se construisant avec ce qui lui manque ?

Un roman sur l'exil, sur une renaissance également à l'écriture poétique avec une justesse et une précision dans les mots choisis. Un texte fort et beau !
Un livre qui pour certains aspects ( je dis bien certains) m'a rappelée "Ca t'apprendra à vivre" de Jeanne Benameur.
Lien : http://claraetlesmots.blogsp..
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Un récit intime sur l'exil d'une mère, Mme Plume et de sa fille Nine, parties d'Algérie après la mort du père. La vie en France qui s'écoule lentement et sans soubresauts, les questions de l'enfant qui restent sans réponse et qui la font soufrir. Beaucoup de choses sont évoquées dans ce court récit bien mené, dont j'ai apprécié la lecture. La relation entre la mère et la fille est complexe et intéressante. On comprend au fur et à mesure le fonds du problème, tout est amené avec justesse et douceur. L'écriture est très plaisante, j'espère pouvoir lire d'autres romans de l'auteur, peut-être dans un style plus "fictionnel". Merci aux éditions Buchet-Chastel et à Babelio pour l'envoi de ce livre dans le cadre de l'opération Masse Critique.
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