Quand le rêve se lève

Inviter une petite souris à poser un regard poétique sur la vie, c'est donner une tonalité familière à ce rêve que le Poète Pascal Lecordier appelle de ses voeux. le titre de son recueil parue en 2014 s'intitule "Quand le rêve se lève". La petite Mimi, oeuvre de Jérôme Champenois joue avec la lune.

L'ouvrage est tissé avec des vers classiques d'une grande maitrise que souligne un souci de cohérence et de clarté. L'idée du rêve dessine le titre des premiers alexandrins par lequel, l'auteur murmure :
"le rêve soulève souvent un champ de symphonie
qu'auréole l'amour où vibre l'harmonie
s'éclipse enfin la peur et la douleur."

Le charme que dégage Pascal Lecordier, se dénoue dans un mélange d'humour, de mélancolie, et d'empathie à l'égard de ses amis et de sa famille.
Cet optimisme puise sa force dans une mystique nourrie de la nature, pour parfaire et charpenter l'homme sur le chemin de la vie :
"Tends ton âme inassouvie
Quel que soit le cri du vent..."

"Sur le chemin de la vie
n'aie pas peur de la douleur
vois cette fleur épanouie
elle s'offre avec son coeur...
Cesse les palinodies."


Ce matin une philosophe évoquait l'ordinaire, le banal de la vie, sa volonté de puiser dans le quotidien une nourriture spirituelle lui semblait une évidence. En parcourant les récits de Lecordier je me suis mis à reprendre le terme d'évidence. L'important dans la vie, l'essentiel n'est-il pas fait du quotidien, un quotidien présent tous les jours à la même place et qui impose son tempo. Être un être vivant mais vivant ici les deux pieds au sol avec les autres.
Comme si l'expérience du confinement devenait une aventure poétique.
J'aime ces vers où la simplicité des mots permet le rêve.

"Je hais ce qui s'égraine
Je hais ce qui s'étrenne
Je hais les sabliers."

"Si je savais parler de la couleur du vent,
Quand il sue courbé sous le fardeau des nuages.
Quand le temps bas et lourd m'enferme comme en cage
En contrebas du ciel où je pleure souvent".


Pendant ces moments de grandes méditations l'humour a parfois du mal à s'exprimer, car prendre du recul, s'extraire du quotidien, est peut-être un luxe , du temps perdu.


Pascale Lecordier hésite rarement à franchir le pas. Un texte affiche un conseil d'administration où l'inutile portée des propos des gens de pouvoir, mérite qu'on s'y attarde.

"La séance s'en va chacun clopin-clopant,
de sa tirade tonitruant, de truand.
Le salon du conseil s'équipe pour le pire.
Alignés comme des parcs à huîtres, raidis,
Ils siègent en complet, tout de sombres enlaidis."

"Jouez crécelle de ma cervelle en dentelle
Je bégaie, pagaie. Ce qui n'est pas gai du tout
Dans tous les jeux d'esprit, je porte la chandelle.
Est-ce le deuil qui est au coeur de ce recueil, ou est-ce la vie" ?

la vie de ceux qui ont quitté leurs proches, hante le poète.
Le deuil qui vous frappe fait parti du cycle même de la vie, comme cette fulgurance, "au parfum du rituel, le poids du temps battait chacune de tes veines."
Les derniers textes font le pont avec la mort qui sommeille, Pascal Lecordier n'y échappera pas, à l'encre bleus, il dessine les baisers d'un soleil qui ne le caressera plus.
.

Comment dire adieu, aux simples sensations,
La fraîcheur de l'aurore en la forêt d'automne,
De chaque geste inscrire un signe qui étonne,
Vivre encore au présent, de gouttes de passion.