Vous entendiez le bruit de la sève monter dans les arbres depuis les racines jusqu'à la pointe des branches, vous voyiez la rosée rouler comme des perles sur les herbes, les rayons de la lune fendre l'air en vibrant, vous sentiez le parfum des fleurs pas encore écloses. Votre corps etait devenu prodigieusement sensible.
« Vous ne pensez pas qu’on pourrait aller n’importe où si on s’avançait sur un chemin tracé par la lune ? »
Le clair de lune faisait des vagues dans son cœur.
Les rayons de lumière oscillaient dans la mer. Des rayons immaculés, plein du désir de la chair de l'eau, qui s'infiltraient en elle, jouaient avec elle.
Pour cesser de stagner, il faut permettre à l’eau de couler.
Vous ne savez pas qu’en général l’amour débute par un malentendu (dans les arts classiques, on parle d’illusion, par euphémisme). Ou plutôt, qu’il y a malentendu parce que vous êtes amoureux. Vous n’avez pas conscience de cette illusion qui fait de vous un amoureux, alors qu’elle est la force fondatrice de votre amour.
Pour Milan Kundera, l’amour ne va pas sans le hasard. « Pour qu’un amour soit inoubliable, il faut que les hasards s’y rejoignent dès le premier instant »*
*L’insoutenable légèreté de l’être.
Si l’on ne souffre pas de quelque chose, à quoi bon vouloir y remédier ?
L’amour, c’est comme l’eau, on ne sait pas depuis quand il a commencé à s’infiltrer en nous.
Vous craigniez de vous engager sur « le chemin qui menait jusqu’à elle ». Sur ce genre de chemin, c’est la pensée qui s’engage d’abord, avant les pieds. Et en général, le chemin qui s’ouvre à la pensée est plus ardu que celui que foulent les pieds. Vous avez peur de sombrer dans la confusion rien qu’à l’idée de tourner votre pensée vers elle. Peur de voir votre détermination s’amollir. Peur de n’être plus maître de vous-même, dès que vos idées auraient bougé d’un iota. Il fallait donc que votre détermination soit bien faible, bien vacillante.