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Critique de NathalieCM


Nathalie en avait soupé de tous ces romans estampillés « thrillers ésotériques ». Comme bon nombre de ses congénères, elle en avait lu jusqu'à presque l'overdose finale, se repaissant de Da Vinci code et autres secrets occultes, se gavant jusqu'à satiété d'Illuminatis en goguette et d'archéologues séduisants et intelligents se levant le matin sans savoir qu'ils allaient sauver le monde avant le brunch de 11h.

Cela faisait donc longtemps qu'elle avait décidé que, pour elle, la mode était révolue et autant les rediffusions d'Indiana Jones la plongeait dans un maelstrom de sentiments nostalgiques, autant Dan Brown ne l'émoustillait plus depuis qu'elle avait tourné une de ses dernières pages.

Alors, lorsque le dernier Gilles Legardinier tomba entre ses mains, elle resta un moment dubitative devant cette couverture lui évoquant curieusement un club libertin versé dans le spirituel. Pas même un chaton caché sur la quatrième pour la rassurer sur le contenu…D'un haussement d'épaule, elle rejeta tout à priori et se dit que cette expérience en valait bien une autre et qu'après tout, avec la cinquantaine, Legardinier avait bien le droit de se lâcher un peu question moeurs.

Singulièrement, Nathalie se retrouva très vite captivée par les premières pages. Elle retrouvait le talent de l'auteur, son humour désinvolte, son savoir-faire empathique. Elle se sentait en terrain connu. C'était confortable et familier mais paradoxalement, c'était inattendu et plein de fraîcheur. Soulagée de ne pas avoir affaire à un traité sur le libertinage, elle s'apercevait qu'elle retrouvait avec plaisir la patte reconnaissable de l'auteur, que sa fantaisie servait à merveille ce thriller et que ses personnages forçaient l'attachement.

Luttant chaque soir contre sa fatigue, elle restait éveillée aussi longtemps qu'elle le pouvait tant l'intrigue la captivait. Elle retombait dans le piège de ces romans qui mêlent fiction et réalité et aimait tout particulièrement cette légèreté de ton si chère à l'auteur. Par ailleurs, elle réalisait que Gilles Legardinier avait abattu un travail de recherche extraordinaire pour enrichir son récit, qu'il avait voyagé dans les lieux qu'il décrivait, qu'il était allé fouler les traces des antiques souverains dont il parlait. Elle trouvait cela admirable.

Les pages se succédaient sans temps morts. le fond forçait la réflexion de Nathalie et comme elle aimait ça ! Son esprit était fasciné par ces lointaines contrées et ces cités disparues. Elle était magnétisée par des théories étonnantes mais elle ouvrait également les yeux sur ce que l'auteur pointait du doigt car le fond était impressionnant de richesse…

De tous temps, l'homme travaillait à sa propre destruction: Des armes de plus en plus puissantes, des armées se cachant derrière l'ombre d'une quelconque idéologie ou d'un sentiment inepte de supériorité raciale. Ainsi l'homme était-il fait… le Bien est un séducteur mais le Mal fascine bien plus encore et Nathalie était consciente que même elle, était victime de ce honteux atavisme…et qu'un roman noir la séduisait davantage qu'un roman d'amour. Effroyable prise de conscience qui l'emplit de tristesse mais qu'elle sut polir grâce à cet équilibre qui existe entre le bon et le mauvais dans l'âme de l'Homme. Enfin, elle l'espérait…

Il était tard et Nathalie avait un peu froid. Elle referma « le premier miracle » qu'elle venait d'achever, éteignit la lumière et remonta la couette sur ses épaules. Ses paupières se fermèrent doucement, elle se laissa submerger par le sommeil et sombra vers d'autres continents où quelques reines ou prêtresses antiques l'attendaient, peut-être.
Lien : https://sous-les-paves-la-pa..
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